Si le hasard t'emmène jusqu'ici, ne fuis point
Surfe et erre sans fin sur le blog du baladin
Smurfe dégingande-toi au sein du bal à daims
Avec imagination, Sans invitation
Ta religion est l'insubordination ?
Alors gausse-toi ici nul n'est bouffon
ni branque ni saltimbanque honnie soit sale ta banque
Juste des pions décidés à enfin décider
dans un bal laid où déambulent des daims
Manifestant leur insoumission avec dédain
LeonnicAsurgi@yahoo.fr


Le Nouvel An douille

Vite, il ne reste plus que quelques jours pour figurer dans le Grand Bêtisier 2013 et ainsi récolter les fruits d’une quête insensée, fruits pourris à force de résister à la cueillette, à force d’esquiver, à force d’éviter la chute libre, à ne pas vouloir tomber des nues, sur un os, sur plus fort que soi, sur sa fesse qui s’affaisse, à trop vouloir tomber la chemise, amoureux, il y a sûrement un truc à tirer de la situation, à glaner de tout ça, une récompense quelconque, l’Award du bidule, voir sa trombine sur un site et surtout la montrer, aux autres, une poignée de main futile à un personnage de lumière, lumière stroboscopique, la reconnaissance d’un jour, un panier garni aux dates de péremption éloignées, à l’obsolescence programmée pour plus tard, qui finit par craquer à force de faiblesses.

Cette année, on ne va pas seulement changer d’année, on va changer d’ère, l’air de rien.

La corde a été tirée à l’extrême, aux extrêmes, autour des cous, pas seulement ceux des volontaires, raide, hier des Andes, en Afghanistan en Iran, lapidations en vogue, dilapidations de liberté, c’est-toujours-pire-ailleurs conforte dans l’immobilisme et la médiocrité, on ne s’émeut plus de rien, ou alors le temps de zapper, puis on zappe, c’est-toujours-pire-ailleurs ou l’adoption de la misère comme norme de vie, ailleurs d’où on importe cette théorie de la relativité, ailleurs où on exporte notre travail, notre sidérurgie, nos ferrailleurs, pour faire ailleurs.

Cette année, on ne va pas seulement changer d’année, on va changer d’ère, on aspirait à l’ère écologique, on aura l’aire d’autoroute en guise de non-prolifération des gaz à effets de serre, une aire low cost favorisant l’enrichissement de ses propriétaires, du duc de guise, une aire Carrefour, enseigne qui ne manque pas d’aires, on désirait assainir l’atmosphère, on assène des discours aux contraintes budgétaires, l’ère du budget, on fantasmait sur l’ère pure, mais ça coute trop cher, à trop comprimer les budgets on aura de l’air comprimé, du coup on fait la gueule et on a enfin la réponse, oui, on a une gueule d’atmosphère.

L’élastique va finir par péter, la constante d’élasticité n’est pas variable, par définition, c’est sémantique, hélas et sans tiquer, il ne viendra plus en retour fouetter ces donneurs d’ordre aveugles en recherche de limites, au royaume des aveugles le borgne est roi, il ne viendra plus gifler ce pouvoir autiste, dépassant les bornes, sans bornes en tête, il ne viendra plus lui signifier qu’il va trop loin, il ne lui donnera plus de répondant, il destituera le pouvoir d’un putsch subit et subi, car un chef n’est plus rien sans ses armées, ce sont les limites de la politique de l’élastique, on sait qu’on ne peut plus rien faire quand c’est trop tard, quand il n’y a plus de rafistolage possible. L’anarchie point, en suspension…

Cette année, on ne va pas seulement changer d’année, on va changer d’ère, on se prépare à la famine, à la dalle, à une vie de chien, d’airedale.

Les poches sont vides, les bourses stériles, comment se reproduire dans ce contexte, la crise a tout justifié, légitimé, raflé, les ménages moyens ont pourtant joué le jeu, ont continué de consommer, mais l’obsolescence programmée les a définitivement ruinés, les microprocesseurs des produits high tech sont programmés pour tomber en panne le jour J, juste après la fin de la garantie, à plus ou moins court terme, selon qu’on a opté ou pas pour son extension. On se réjouit d’accéder à des produits de moins en moins chers, on ne réalise pas qu’on les renouvelle de plus en plus souvent, on ne réalise pas qu’au final on dépense tellement plus.

Cette année, on ne va pas seulement changer d’année, on va changer d’ère, on va s’hystériser.
C’est la théorie de l’hystérésis, le fameux diagramme : quand on nous annonce le début de la crise, on ne la sent pas vraiment, quand le pire est censé être derrière nous, on est exsangues. Entre ce qu’on nous ressasse et ce qu’on vit, il y a un gouffre. Selon le diagramme d’hystérésis, il faut doper pour réamorcer la dynamique et voir ses effets se produire, selon les différents organes du pouvoir, il semble qu’il faille juste du temps.

Cette année, on ne va pas seulement changer d’année, on va changer d’ère, on se prépare à entrer en ère rance.

Ceci dit, c’est toujours pire ailleurs.

Lapidaires (poème afghan)

Cavaliers, les soldats libérateurs n’avaient pas mégoté
Sur les moyens, sans appeau mais pour la peau de Ben Laden
A cheval sur le magot qu’ils n’ont toujours pas dégoté
Engagés en guerre insensée censée éradiquer la haine

Parachutés poilus en cueillette
Couverts de fleurs au fusil pour
Raser ces barbes trop longues
Poilus envahisseurs d’un jour
Tondus en Rangers sans tong
Parés pour le concours de quéquettes

Engoncés dans ce bourbier
Missionnés pour le coup de poing
Barbiers de la situation
Aux moustaches rasées avec soin
Déserteurs de compromissions
Raseurs gratis non apostasiés
Raseurs de murs à foison
Raseurs jusqu’à l’oraison

Dehors le pouvoir public, dehors les talibans publics
Tel était le leitmotiv, garrotter, stopper la gangrène
Aujourd’hui les talibans ragotent sur les bancs publics
Bancs publics, revanchards tels des idéaux qui s’égrènent

Les colons débarquèrent dans leurs tanks banalisés
Pour les décoloniser, les guérir du cancer
Flinguer les polypes, les milices, les sales types policés
Un traitement lourd que d’autres voies évacuèrent
La coloscopie aujourd’hui est formelle
Les talibans préparent la scission leur résurrection
Ils pullulent et distillent leurs idées cruelles
Le peuple afghan sans solution est en rémission

Les talibans sont une maladie auto immune
Des antibio ayant mal tourné jusqu’au schisme
Après usage non jetés dans la fosse commune
Des armées armées pour tuer le communisme

Les talibans sont une mauvaise herbe
Des rhizomes ayant échappé au brûlis
Qu’on ne peut raser d’une fronde acerbe
Qui ressassent, repoussent comme des pissenlits

Les talibans ont eu la peau de l’URSS, de Marx
Et de ses frères, Jacques en tête, mais n’ont pas eu raison
De la philosophie : l’opium est la religion du peuple
D’un peuple endolori par les remèdes de ses disciples

L’opium est l’engrais de ces terres fertiles
Abêtit, transforme les maisons en chenils
Régresser fait avancer quand on est saoul
A travers les ciments et plaines de Kaboul

La liberté des femmes aujourd’hui menacée
Bafouée, on ne peut faire le bien des autres
Sans expliquer, sans projeter, sans accompagner
Juste en rasant des terres qu’on veut faire vôtres

Comme une frange de croates croassent
sur le mariage homo qu’ils fracassent
Le pouvoir afghan ne lésine pas
Avance en bandes, encercle au compas
En bandes organisées
En bandes afghanisées
En bandes non dessinées
Bande non tétanisé
Bande face aux garçons désarçonnés
En rut sans cerveau comme des veaux
Recycle les eaux usées du caniveau
Légiférer n’est pas démocratiser
Qui ne capte pas sera décapitéE
Qui dilapide son mariage sera lapidéE

Comme des bleus

Il aura donc fallu les aimer avant qu’ils nous respectent, il aura donc fallu les kiffer pour qu’ils nous calculent. Nous aspirions leurs poussières et à autre chose, nous ne nous étions tout simplement pas adaptés au nouveau business model du foot français. Nous rêvions d’autres athlètes, nous cauchemardions à leur sujet, nous étions insoumis, avachis et tristes, nous sommes désormais avilis et gais. Nous voulions de la sueur et des fleurs, leurs maillots sentaient la rose, c’était une fleur, de leur part, ils nous épargnaient les effluves de leur transpiration pour mieux nous envoyer sur les roses. Nous nous assoupissions en les matant sur nos matelas, sans ressort, l’ennui et la révolte rivalisaient en nous. Puis la lumière fut, il restait un dernier recours : contraints et forcés, nous nous sommes engagés dans ce mariage d’irraison.

Cette qualification de l’équipe de France pour le Mondial au Brésil, on n’y croyait plus beaucoup après la déroute en Ukraine, beaucoup l’espéraient plus qu’ils n’y croyaient, beaucoup ne l’espéraient même plus, c’est dire le peu de crédit accordé à cette équipe. On ne pouvait plus les voir en peinture ces bleus-là, sauf en nature morte, on n’aurait pas misé un kopeck sur ces insolents, narquois, millionnaires autistes, ressuscités ou réincarnés de la grève de Knysna, sur ces bleus qui selon moi ont aggravé les circonstances depuis Knysna, car ils avaient depuis osé continuer de montrer des signes de « fumisme », signes qui s’ils n’étaient pas à la hauteur de leur grève, ou plutôt à sa bassesse, constituaient autant de flagrants délits de récidives.

Pourtant, on s’est exaltés mardi soir. On les a aimés inconditionnellement, pendant 90 minutes et ils nous l’ont rendu. Grâce à ça, grâce à nous, ils furent en état de grâce. Ils viennent de découvrir l’amour du maillot bleu, c’est juste inédit, pourquoi pas après tout, dans une histoire d’amour il y en a toujours un qui donne avant l’autre, et jusqu’en 2006, nous avions été plutôt habitués à recevoir, même les soirs de défaites ils avaient su se faire recevoir, sans piper mot, acceptant la vindicte populaire, l’un d’entre eux avait même été taxé de criminel pour une passe mal ajustée contre la Bulgarie et contraint de s’exiler en Angleterre, pour fuir cette taxation, contraint à un exil non fiscal, dans les pas de Didier Six qui lui avait raté un pénalty en 1982.

On s’est enthousiasmés mardi soir comme une cocotte-minute évacuait son trop plein de pression alors il ne faut pas oublier les raisons de la montée en pression, comme le ressassaient ces consultants sportifs vendeurs de désespoir, qui faisaient jusqu’ici leur beurre et leur argent en soufflant sur les braises, en rivalisant de justifications destructrices, d’explications démolisseuses et fatalistes comme s’ils se réjouissaient des contreperformances des bleus, ces consultants qui pour une fois se sont fourvoyés mardi soir, éloquents d’impuissance, amputés de leur « sultan-ce » pour l’occasion, discrédités, ravalés au rang de rabat-joie. La « rouetourne a tourné » comme l’avait délicieusement prédit Ribery avant le match.

On s’est retrouvés mardi soir pendant et après le match, même si on était encore beaucoup à regarder nos pompes quand Benzema résuma de son accent si caractéristique, celui qui accentue le manque d’éducation grammaticale, cet accent tue : « Voilà, on avait dit qu’on ferait un gros match, voilà, on l’a fait, voilà. », Benzema comme tant d’autres transformant voilà en conjonction de coordination omniprésente et omnisciente, voilà tout terrain, VTT, mais où est donc Ornicar ? Voilà !
Mardi, on était comme des fans de Johnny à la fin d’un concert, en extase, comme revigorés, mais toujours un peu honteux dès qu’il s’exprime.

Ces joueurs viennent donc de découvrir l’amour du maillot. On attend désormais qu’ils l’honorent, qu’ils nous honorent à chacune de leur sortie, qu’ils apprennent à nous couvrir de fleurs, à amadouer nos exigences, à faire en sorte qu’on ne doute plus de leur fidélité, à améliorer leurs discours d’après match comme autant de flatteries à leur promise, à leurs promis, sans compromis, en mettant de côté cet accent « zyva-esque » et leurs envolées dysorthographiées. Après tout, ils ont tous su apprendre une langue étrangère en peu de temps, il y a même fort à parier sur betclic que Ribery, Benzema et Evra s’expriment respectivement mieux en allemand, espagnol et anglais qu’en français, alors pourquoi n’apprendraient-ils pas le français ? On retrouverait alors un semblant de dignité, avec ou sans Digne, s’ils se hissaient au niveau intellectuel des Thuram, Blanc, Desailly, Deschamps, LLoris, Cabaye, Gourcuff et consort, et qu’on sorte les intrus. Voilà.

L’équipe de France est une vitrine, qu’on n’est pas tous obligés de lécher, beaucoup exècrent le shopping, mais ceux qui le pratiquent (le shopping) aiment que les vitrines soient à l’image de ce qu’elles renferment, qu’elles ne soient pas juste des miroirs aux alouettes ou sans tain offrant la vue sur des footeux dorés, boudeurs, agressifs, ingrats, à la fierté déplacée, à qui tout est dû, qui prennent leur pied pas comme on le souhaiterait. Ces joueurs sont très cher payés pour leur exposition médiatique, ils doivent en accepter les contreparties et critiques, ils doivent travailler leur image.

Il aura aussi fallu un remaniement de taille et le souffle du danger.

Le sélectionneur de l’équipe de France est un homme politique. Ses échéances sont courtes, il a un mandat de deux ans. On veut qu’il prépare au mieux l’euro 2016 en France, ses échéances européennes, avec des jeunes dont on serait fiers, mais on lui impose d’aller au Brésil en 2014, ses municipale à lui, et les jeunes n’étaient pas prêts, il a donc du racler les fonds de tiroirs, rappeler les fantômes de Knysna, dans une synthèse incompréhensible et au final ce retournement de situation aussi surprenant que spectaculaire, son inversion de la courbe du chômage à lui.

Le sélectionneur de l’équipe de France est un homme politique, le Président de la république est-il un sélectionneur ?

Il a déjà instauré une charte pour les sélectionnés du gouvernement, a su virer Cahuzac sur critères déontologiques, trop tardivement certes, mais un Cahuzac dont les compétences pour le poste étaient pourtant louées par tous ; toujours sur critères déontologiques il a écarté DSK de sa sélection, DSK qui pourtant serait lauréat du ballon d’or économique mondial si cette distinction existait.

Il ne manque plus au sélectionneur que la charte qui redorerait le blason de l’équipe de France. Une charte qui ne tolérerait aucun dérapage, aucune insulte, aucun manque de respect, aucune menace, aucune forme de chantage, aucune déclaration tapageuse ou diffamatoire, aucun coup de boule ou de poings. Une charte qui dédramatiserait la défaite, qui reconnaîtrait la supériorité de son vainqueur du jour ; l’élégance fait partie du sport. Une charte qui remettrait l’éducation au centre, il y a tant d’enfants qui se passionnent pour le football. Une charte qui décréterait : à partir d’aujourd’hui, c’est tolérance zéro.

Il ne manque plus au Président de la république que le remaniement.

Tu ne hueras point

Que dire de ces écervelés qui sifflent un Président un jour de fête nationale ? Rien, sinon qu’ils étalent aux yeux de tous leurs incohérences. Ces siffleurs de l’extrême mais manquant de droiture placent la France sur le piédestal mondial mais sabordent une fête nationale, sans gêne, sans gènes à transmettre espérons-le, font du protectionnisme français leur thème de prédilection mais insultent la France pendant le défilé des forces militaires, ces forces qui constituent les derniers remparts d’un état protectionniste. Ces hurluberlus, huent, hurlent, ont la berlue, atomiser un armistice c’est déclarer la guerre idéologique. Une guerre pour rebeloter les rôles, quand on n’est rien dans une société où la faillite personnelle est autorisée on a intérêt à jouer à quitte ou double, comme ces miliciens qui connurent leur heure de gloire et son éphéméride, vilipendèrent l’intérêt collectif pour sortir du trou, du trou qu’ils avaient creusé eux-mêmes, plongés dans le noir de leur inculture. Une guerre pour faire tourner la roue, pour que la roue s’arrête à bonne destination, comme aimantée par le métal, là où ces andouilles l’attendent pour croiser leurs fers et nous préparer des lendemains de fêtes difficiles, là où le nouvel an douille.

Ces cornichons exhibent leur inculture ou leur amnésie, « Que choisir » n’aide pas toujours, oublient ou ne savent pas une chose : le parti qu’ils supportent, qu’on s’efforce d’ailleurs tous de supporter, chacun ses valeurs, les aurait flingués s’ils s’étaient comportés de la sorte face à lui, face à elle, il suffit de regarder l’Histoire, l’extrémisme ne peut régner sans dézinguer ses opposants. Ces profiteurs usent de la liberté de parole qui leur est accordée pour propulser un parti qui nous bâillonnera.

Ces corniauds jouent les drôles, nous font regretter Bourvil et Funès, funestes, lisent Minute et ses jeux de mots à deux balles, réchauffés, ressassés, éculés, Minute qui fait du racisme fruitier en préférant voir Taubira avoir la banane que la pêche, Minute dont la prochaine Une sera un truc du style « Même Robert Hue », Minute grâce à qui « 20 minutes » passe pour de l’information et de la culture de haut vol, d’un niveau intellectuel au moins 20 fois supérieur, à des années-lumière de la Minute de monsieur Cyclopède.

A préférer le Hollande Bashing à Bashung, chacun ses valeurs là encore, on attise la haine. A ceux qui chargent systématiquement et sans discernement Hollande, qui s’amusent de son embonpoint en s’étonnant qu’il n’ait rien dans le ventre, on pourrait rétorquer qu’Hollande a bon dos, plutôt. « Tu ne hueras point » pourrait marquer son mandat d’un onzième commandement, mais on ne lui reprochera pas sur ce point son manque de commandement. Tous les torts lui sont attribués, mais essuyer toutes les critiques c’est déjà tolérer qu’elles puissent s’exprimer, c’est la preuve irréfutable qu’il ne les a pas muselées. A trop focaliser sur sa personne, Hollande s’en trouvera renforcé.

Heureux qui peut exprimer sa peine.

Inculte qui fantasme sur l’extrémisme pour la soulager, l‘extrémisme au pouvoir ne lui laisserait plus le loisir de l’exprimer.

Il arrive toujours un moment où une personne ne peut pas descendre plus bas et, à ce moment-là, toutes les attaques contre lui résonnent comme des stimulations qui provoquent le rebond, impulsent, à trop solliciter les défenses les anticorps compassionnels finissent par prendre le dessus, rayonnent comme des batteries qu’on aurait couplées à un paratonnerre.

Les fans de Cantat dont le nouvel album sort le 18 Novembre se préparent aux huées aussi. Avec le temps, repris magistralement de Ferré, on réalisera qu’il a apporté à la chanson et à la langue française bien plus que la très grande majorité d’entre nous, malgré tout, malgré la violence dont il a été coupable, malgré l’homicide pour lequel il a été jugé, pour lequel ses détracteurs les plus virulents rejoignent ces siffleurs quand ils le condamnent à disparaître, quand ils fantasment sur le rétablissement de l’échafaud promis par leur favorite, échauffourées offertes en attendant, ces échos fourrés de clichés simplistes et binaires. Pourtant on peut avoir fauté et asséner des vérités par ailleurs, en attendant d'éradiquer le manichéisme on peut s'en servir, en marginalisant ceux qui s’en revendiquent, en considérant qu’ils sont du mauvais côté.

Le Goncourt-il à sa perte ?

Trois pré-sélections puis une désignation au final, en finale, à la majorité d’initiés, ne peuvent couronner un navet, auréoler un riz au lait, un flamby, c’est incontestable, on pourrait affubler les cracheurs dans cette soupe non populaire d’ingrats, taxer les cracheurs de feu de vaniteux TTC, réduire les cracheurs de sang au rang de coléoptères, de bêcheurs. Le Goncourt crache au bassinet en glorifiant un auteur, consacre une œuvre qui est forcément à la hauteur de l’événement, même si quelques détails interpellent.

Déjà, la notion de compétition est plutôt étrangère à l’expression artistique et la littérature n’est pas un art mineur. Les lois de l’écriture, ces règles de base à respecter, grammaticales, syntaxiques et orthographiques, n’empiètent en rien sur l’infini, sur l’infinité des thèmes et des styles, descriptif balzacien ou rugueux, foisonnement d’adverbes, virgules omniprésentes truffant le vide,,,, chants partisans ou non, poèmes, associations phonétiques, slams, textes hachés comme des steaks sans provenance, scandés, intrigues, polars, vulgarités contrôlées, dérapages incontrôlés etc…bref, est-il raisonnablement envisageable de les hiérarchiser et de les comparer alors qu’on n’ose même pas le faire pour des choux non gras et des carottes non cuites ?

Admettons, soit, il serait possible de comparer une saga contemporaine à l’encre de Chine, un récit de guerre à l’encre de sang des soldats, Marlene, le témoignage d’un marin japonais à l’encre de seiche, sans lever l’encre il serait possible de distinguer un écrit à la majorité des votants, mais la démocratie s’applique-t-elle à l’art ? Peut-on décréter qu’une œuvre est meilleure parce qu’elle a recueilli plus de suffrages ?

Admettons, soit, il serait possible de le décréter, il serait possible de s’abriter derrière ce consensus mou qu’on nommerait démocratie. Pourtant, comme ces trains qui passent sans qu’on n’ait la possibilité de les prendre, complets, remplis de zigotos aux manettes, un sujet peut en cacher un autre ; le lauréat occulte ses dauphins mais aussi tous les figurants. Jamais un éditeur « récent » n’a été qualifié en finale du Goncourt, ces mêmes éditeurs tenus de prendre tous les risques pour exister, contraints de jeter des pavés dans cette mare obscure et fermée au public pour se démarquer, forcés de naviguer à vue, de slalomer entre les balles perdues, sans arme, sans permis de chasse gardée. Le Goncourt maintient sous perfusion les librairies en assurant le monopole des éditeurs historiques, en faisant de l’élitisme démocratique, c’est peut-être cela « Goncourir ».

Au jeu des comparaisons, puisqu’on peut comparer tout et n’importe quoi, on pourrait s’amuser à rapprocher la désignation d’un Goncourt d’une élection présidentielle en France. En politique, les pré-sélections aussi sont inéquitables, il faut 500 parrainages d’élus pour pouvoir se présenter et, arme de dissuasion supplémentaire, les comptes de campagne ne sont remboursés qu’à la condition d’obtenir un score significatif, 5% des votants, résultat d’autant plus dur à atteindre que le nombre de candidats s’élève. Ensuite, par contre, c’est la démocratie, une parodie de démocratie assumée, une démocratie revendiquée par les organes du pouvoir, on peut voter librement et sans contrainte pour un des finalistes…et on s’étonne de la recrudescence des votes par élimination. Turlupinades et tarabiscotes au beurre salé dont on veut aussi l’argent et qu’on trempe dans ces tasses de thé qu’on veut nôtres, non, on ne peut pas comparer l’élection présidentielle au Goncourt, on peut le fustiger mais le Goncourt reste un gage de qualité made in France, crée des richesses, sponsorise les librairies ; la politique n’est pas le huitième art.

Un Goncourt n’est pas un spermato qui aurait fécondé, ce spermato qui est en nous, ce spermato qui n’est pas le meilleur de tous mais juste celui qui a gagné au loto, on a tous gagné au loto une fois, ce qui n’offre aucune garantie pour la suite, c’est irréfutable, un Goncourt consacre un génie, l’immense mérite du Goncourt est de rapprocher la littérature du monde de l’argent pour son lauréat, c’est plus que mérité, ce sont juste ses figurants qui ne méritent pas leur sort, eux continuent d’attendre leur chance, sans intermittence, sans théâtralisation, sans public, en jouant leur vie comme si elle n’était qu’un Goncourt, de circonstances.

On a assez zoné

L’été est la saison des fondations, on étaye, on compense ces poutres bétonnées plus solides que cette ferraille quIPN et finit toujours par fléchir, le temps qu’elles sèchent au-dessus du vide, au-dessus de ces trous béants, au-dessus de ces impasses supplémentaires qu’on doit faire pour se donner plus de chances, pense-t-on en évoquant son nouveau destin, ce nouveau virage, cette nouvelle voie à tracer, son nouveau départ, nouveau répété comme on met en scène et en exergue le renouveau, ces nouvelles voies qui tout en rapprochant de quelque chose éloignent des possibilités originelles infinies offertes à tout nouveau-né, promises aux crédules, garanties aux croyants, des voies tracées pour certains, des voies lactées pour tous, des voies à sens unique, des voies de garage, des voies sans issue, dévoyées, on avance dans la vie comme un compte bancaire au capital initial variable, un compte pour lequel la seule transaction possible serait le débit, parfois différé, un compte qui n’aurait d’autre vocation que de finir débiteur, le plus tard possible, un compte au solde qui s’amenuiserait, irrémédiablement, à chacune de nos irruptions, à chacun de nos retraits, à chacune de nos retraites, à chacune de nos dépréciations.

L’été on ambitionne, on se challenge, on éprouve sa motivation, on lance ses nouvelles résolutions à la cantonade, a capella, emplis de légèreté mais aussi pour voir comment ça réagit, pour mesurer la force de sa nouvelle lubie, son quotient de résistance. Ce nouveau cap qu’on lorgne sera trop facile, si on l’atteint, ou inatteignable et légitimera l’échec, la dérobade, le manque de conditions réunies, on peut ainsi passer sa vie à ne jamais rien réaliser qui rende fier, qui auto-satisfasse, sans que cela soit ostensible pour les autres, comme un perchiste qui échouerait en s’obstinant à battre le record du monde sans oser mettre la barre plus bas, de peur de sombrer dans la facilité, ce qui est pris n’étant plus à prendre. Savoir mettre la barre plus bas, c’est pourtant ne pas rentrer bredouille, ne pas être le subalterne du lambda du coin fier d’exhiber son petit truc à deux balles, c’est avoir quelque chose à raconter, même un tout petit machin, on ne peut pas être un presqu’au-boutiste accompli, faillir c’est faillir. Savoir mettre la barre très haut, s’inventer de nouveaux caps, de bonnes espérances, permet de proches en proches à l’humanité de progresser, éloigne de ces jungles hostiles de facilité et nauséabondes d’autosatisfaction qui nous rappellent par l’odeur, alléchés que nous sommes, que le présent et le passé ne suffisent pas, seul le futur se suffit. Savoir mettre la barre très haut, c’est aussi s’entraîner à s’envoyer en l’air, rechercher la légèreté, ne jamais renoncer, regarder Droit dans le soleil.

L’été, on étaye sa motivation, celle qui va irrémédiablement s’émousser, à l’approche des échéances et des esquives, on motive ses étais, on affute les sempiternels arguments, on s’assure qu’on a fait le plein pour passer l’hiver et tenir toute l’année. Toute l’année car tout est calibré sur cet espace-temps, une année, confinant ceux qui voient plus loin au statut de doux rêveur ou de Nostradamus de service. On est formatés pour enquiller les années. De l’école, passages de classe ou redoublements, à la vie active, objectifs annuels, congés, en passant par le chômage où les allocations s’arrêtent au bout d’un an, impôts, taxes, assurances, bonus, malus, peines de prison, tout est à l’échelle d’une année, à l’échelle des quatre saisons et d’un côté ça a du bon, puisque ça permet de ranger aux oubliettes les mauvaises années et de repartir sur de nouvelles bases, comme on perdrait un set au tennis qu’on aurait fini par balancer, tout en conservant son destin en mains, en attendant des jours meilleurs.

Quand vient l’hiver on se bat, on bat en retraite, on baliverne, on élit Vercingetorix héros absolu, on relit Verne, on polit verres et matériaux du même tonneau qu’on vide jusqu’à plus soif. L’hiver on se replie, on peut aussi changer de cap, débroussailler de nouvelles voies, mais un accueil glacial leur est souvent réservé, le ciment sèche moins vite. Changer de cap en cours d’année c’est déjà un échec, c’est l’inaboutissement, c’est s’être trompé et ne pas savoir le reconnaître ou c’est ne pas être persévérant. L’hiver, les seules fondations possibles sont celles de familles. L’hiver on s’accroche comme à des bouées aux motivations de l’été, on ne doit pas les faire mourir, quitte à raviver superficiellement une flamme timide, on a des idées noires à la lumière qu’il fait dehors, on s’empiffre, on consomme de l’éléc, on allume tout, la télé crache la nourriture à ces yeux affamés, l’actualité n’inspire plus personne, n’inspire plus rien de bon.

Entre l’hiver et l’été, le min et le max, le ying et le yang, deux saisons qui ne servent à rien d’autre qu’à faire transition dans un monde bipolaire, binaire, un SAS pour éviter les chocs thermiques, ces feuilles qui tombent comme elles dépoileraient un crâne en cours de « chauvinisme », on guette la mise entre parenthèses, cette lumière qui s’éteint peu à peu, anxiogène, car on connaît l’issue, l’hiver à venir, lis Verlaine et tricot au menu, les soupes aux grimaces, les potages dans lesquels on se fond. Le froid de l’automne nous bouleverse car la perspective est inéluctable, sonne comme une condamnation, même l’eau tonne, il fallait se méfier de celle qui dormait, alors qu’on sourit d’une fraîcheur printanière car on sait qu’on va lui tordre le cou incessamment sous peu, on approche de la ligne d’arrivée, celle où on pourra mesurer le chemin parcouru et bâtir à nouveau, l’été, étayer, à la vue de ces cotes bétonnées qui y incitent, qui inspirent malgré tout.

Au fond, on veut du rythme, mais on réclame du frais l’été et on implore Hélios l’hiver, on aime les saisons mais on aspire à assaisonner leurs amplitudes, à atténuer les écarts-types ; on veut faire bouger les lignes, rompre avec les habitudes et le quotidien mais on souhaite que tous les jours ressemblent à nos jours meilleurs. On n’accepte pas la cyclicité des choses, sauf celle des années. On veut du verbe et de l’envolée lyrique, mais les tribuns nous affolent. On veut s’enflammer en toute sécurité. On veut rêver éveillés. On veut prendre des risques sans risquer de tout perdre.

Nos quatre saisons, on ne peut plus les voir en peinture, on ne veut plus en entendre parler, plus personne ne connaît Vivaldi, tout le monde connaît Vivendi et la Terre, nos quatre saisons on ne les veut plus qu’en pizzas, pour les cinq légumes journaliers à ingurgiter, sans assaisonnement pourtant.
On veut plus d’écologie, on s’en remet aux caprices de la nature tant qu’elle ne nous est pas défavorable, on s’en remet aux saisons qu’on cherche à dompter, on a assaisonné.
On traverse un hiver qui n’en finit plus, sans Horizons on a redouté l’oraison, mais on a assez zoné et on la sent, elle vient, elle point, la floraison.

Dernier rappel avant mise en demeure : Ci-joint le premier tiers de l’Appel des 18 joints.

Veuillez trouver six joints :

1) Le joint d’étanchéité. Idéal pour isoler les errances des émotions. A appliquer entre deux matières, grasses grises ou autres tant qu’il y a matière à. Séchage immédiat. Et hop, vos fuites sont derrière vous. Ce joint fait barrage à toutes les eaux, claires ou croupies, pluie, pleur, bouquet de nerfs, il agit en profondeur, la moindre goutte d’eau s’emplafonne dessus, rampe, glisse jusqu’à son évaporation, jusqu’à son absorption par des forces supérieures agonisantes « agnostisantes ». Car c’est bien d’une goutte d’eau dans un océan de dettes dont il s’agit quand on évoque Leonarda, comme si on se préoccupait davantage d’évacuer l’océan à coups de bassines qu’à colmater la brèche à sa source, comme si on préférait la démonstration par l’exemple à l’efficacité, comme si blasés on s’efforçait de redorer un blason taxé d’avoir été trop laxiste, on taxe même les blasons, comme si on bouchait la sortie d’un tunnel plutôt que son entrée. Certes, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais ce n’est pas vraiment le sujet, on cite Rocard pour déculpabiliser, on se dédouane en fantasmant sur le retour de la douane, on joue aux durs avec le consentement des tout mous, on occulte le fond au prétexte que le PS est aux manettes, rassurés par l’image hypersociale du parti, apaisés, endormis par ce père tranquille héros d’un autre temps, perdus dans des jungles anachroniques, persuadés qu’aucun cataclysme antisocial ne point au final sous son mandat, point final, convaincus que nous n’encourons « que » la faillite économique, perclus de certitudes rabâchées parmi lesquelles l’antinomie des adjectifs social et économique. Et pendant ce temps-là, on nous divertit, on fait diversion, à l’aide de faits divers et variés, à l’aide.
On fait diversion, la question n’est pas d’accueillir ou pas de nouvelles familles, il est question de les expulser après avoir été permissifs. Cette nuance reste imperceptible à l’œil nu, à l’œil torve, deux poids une mesure.
On nous divertit. A cran, notre président a fait preuve de cran dans un tel capharnaüm. Piégé comme un bleu par ses opposants, les bleus, qui le sommaient d’intercéder, ravis de le voir embarrassé, obsédés par ses synthèses dont il a l’esprit, fervents adeptes d’antithèses, focalisés sur leur reconquête du pouvoir, frustrés de manquer de lumière mais jouisseurs du confort de l’ombre qui leur autorise tractations et contradictions comme celle qui a vu leur représentant dignement élu tenir deux positions radicalement opposées en 48h sur la réforme du droit du sol, sans aucun scrupule, contradictions perceptibles à l’œil nu, imperceptibles à l’œil torve, un poids deux mesures.
Notre président aurait dû esquiver. Esquiver pour s’affirmer, pour affirmer que lui seul dicte le tempo de ses prises de parole. Esquiver surtout car il n’y avait pas de solution satisfaisante, il est des situations où la synthèse est indécrottable, « indécrétable », c’est le jugement de Salomon. Régulariser toute la famille de Leonarda aurait été une aubaine pour le FN, surtout depuis qu’on connaît la tortuosité du pater familias, expulser Leonarda aurait noyé tous ceux qui n’ont pas appliqué le joint d’étanchéité, choqués par la manière avec laquelle on l’a « débusquée ». Lui président piégé comme un bleu car il s’est aventuré sur ce terrain miné, condamné à la défaite, avec son libre arbitre et ceux qui sont sur la touche, il nous aurait davantage divertis s’il s’était aventuré sur un autre terrain, s’il avait révélé ses hématomes crochus avec les bleus, les autres, annonçant par exemple qu’il y a des joueurs de foot qu’on ne veut plus voir représenter la France, avec ou sans leurs parents. Quand il n’y a pas de solution, esquiver n’est pas fuir.
Alors, sans le joint d’étanchéité, on se console comme on peut en ressassant que Leonarda n’est pas kosovare mais italienne, ce qui forcément change tout car la faute est trouvée. On lui imagine un destin, on lui prête des intentions, si elle était originaire de Capri elle pourrait s’offrir la carrière hollywoodienne de son illustre homonyme masculin à la vue de ses premières improvisations et envolées lyriques. On oublie que c’est une gosse qui paie pour les erreurs de ses parents. Puis on zappe. Le joint d’étanchéité et hop, c’est bientôt Noël, le retour de Leonidas, ne boudons pas ce plaisir, un coup d’Hervé Vilard et hop, Leonarda di Capri, c’est fini.

2) Le joint-colle octroie à tous le droit de devenir le con de l’autre, joint par le lien du mariage. C’est un joint qui solidarise deux corps étrangers, sous réserve que ces corps étrangers soient made in France et qu’ils ne défient pas trop ostensiblement les lois conservatrices du magnétisme selon lesquelles les polarités identiques se repoussent. Ne convient donc pas aux bipolaires. Ne convient pas non plus aux corps de peaux lisses qui pourtant ne manquent pas de rugosité. Ne convient pas non plus aux corps de chasse qui, hostiles et bruyants, obnubilés par la chasse à la gazelle, abusent de leurs vulgaires appeaux, lichent innés, hèlent. Ne convient pas non plus quand la surface du corps proposée pour l’adhésion est trop faible, dans ce cas il faut adopter un contournement (alliages, pax Ikea, emboîtements…). Bien lire toutes les exclusions et précautions d’usage avant application. Attention à bien consulter les caractéristiques d’usure de chaque joint, comme le joint de culasse.

3) Le joint de dilatation porte bien son nom, il dilate les horaires d’ouverture des magasins de bricolage, qui d’ailleurs en vendent. La boucle est bouclée. Enfin non. C’est absolument incompréhensible. Les salariés de ces enseignes veulent travailler le dimanche, les bricoleurs veulent acheter le dimanche, les patrons de ces enseignes veulent ouvrir le dimanche, les grandes amplitudes horaires favorisent les créations d’emploi (avec pour corollaire la suppression des emplois du dimanche si une enseigne devait fermer après avoir ouvert ses portes en ce jour sacré) et promeuvent la flexisécurité qu’on nous sert à toutes les sauces, Curry, Tandoori... Et pourtant le tribunal de commerce de Bobigny interdit la commercialisation du joint de dilatation. On veut maintenir le dimanche chômé pour tous, les endimanchés chercheraient-ils à rendre tous les jours chômés en France ? On veut interdire le business en ce jour sacrosaint, les endimanchés occulteraient-ils l’enrichissement des églises ce jour-là ? La production de l’effet inverse de celui escompté traduit un impact certain, c’est toujours ça.

4) Le joint Venture associe deux entreprises afin qu’elles puissent mutualiser leurs compétences autour d’un projet commun et maigrir, dégraisser leurs structures et leurs emplois administratifs, comme deux obèses ambitionneraient de perdre du poids en partageant leurs couverts. Fusions, acquisitions, associations, scissions, actions, bonifications, congratulations, décorations, stock-options, privatisations, amputations, ambitions. Tous des pions au service de ces opérations, de leur prolifération. Jusqu’à la monopolisation du pouvoir, sa confiscation. Il n’y aura qu’un vainqueur. L’univers économique se densifie après le Big Bang qui a vu l’émergence des start-ups et PME en 2000, aussi créatives qu’éphémères, mortes de fiertés ou gobées par ces grosses fainéantes, ces limaces bienheureuses, ces vautours rassasiés, hyper prédateurs d’une chaîne alimentaire économique où on ne mange pas n’importe quoi. 5 Start-ups et PME par jour. Je bouffe donc je suis. Obèse. Toute l’économie croule sous le régime de l’Obèse. Court-termiste. Cours, termite ! Pour maigrir, le pouvoir Obèse délocalise, on touche des bonus pour ça, on met sa descendance à l’abri financièrement avec ça, on crée le chômage des générations futures avec ça, on rend l’argent et le travail antinomiques.
Je traverse le temps / Je suis une référence / Je suis omniprésent / Je deviens omniscient / J´ai envahi le monde / Que je ne connais pas / Peu importe j´en parle / Peu importe je sais / J´ai les hommes à mes pieds / Huit milliards potentiels / De crétins asservis / A part certains de mes amis / Du même monde que moi / Vous n´imaginez pas / Ce qu´ils sont gais.

5) Le « join us » ouvre d’un clic les portes d’un gigantesque réseau social, d’une famille élargie, recomposée, développe les ramifications d’une amitié virtuelle qui ne demandent qu’à se multiplier, offre à sa communauté une kyrielle de détails croustillants auxquels on s’abonne et dont l’absence nous place en état de manque anxiogène, nous addicte sa loi, loi du plus fort, loi dont on anticipe déjà les prochains projets, projets aux idées intarissables, qui ne satisfont pas notre satiété, qui ne satisfont pas notre société, loi qui pour se donner du sens se tournera un jour vers l’odorat. On pourrait imaginer le déploiement mondial de capteurs/diffuseurs olfactifs qui propageraient à son interlocuteur l’odeur que l’on respire (par le biais d’une codification de l’odeur sur 64 bits et d’une transmission via IP), ou recevoir l’air iodé d’un ami virtuel en vacances au bord de la mer. On pourrait accompagner les smileys d’arômes apaisants prédéfinis…ou au contraire balancer des insultes escortées de relents putrides. On pourrait partager son odeur de transpiration après avoir tapé « je reviens d’un footing ». Un Homme de pouvoir pourrait gazer un peuple d’armes chimiques via Internet, gazage que seules des analyses de trames IP pourraient déceler, ce qui ne changerait rien au final, car les pays ne seraient plus que des communautés d’ordinateurs aux frontières et responsabilités floutées. Houellebecq voyait juste, cette île est possible, ce n’est pas l’île de l’inCantation. Pour prendre tout son sens, il ne manquerait alors à la communication virtuelle que le toucher, pour lui permettre de toucher le fond.

6) Et enfin, celui auquel on pense tous en premier lieu. Celui dont on évoque à demi-mots la dépénalisation, dépénalisation qui dézinguerait ces petits rois de pacotille au risque de voir la pacotille s’approcher trop près de nos enfants. Je n’ai qu’une question à ce sujet. D’un côté une substance prohibée mais déjà répandue sur la place publique, nos enfants qu’on pense protéger en cultivant cet interdit comme d’autres cultivent d’autres choses, de l’autre ses revendeurs qui déambulent à bord de BMW rutilantes au train de vie faisant fantasmer la jeunesse désintégrée ; alors où doit-on positionner la ligne de démarcation ?
Si ce blog était ce joint, il vous serait proposé de le faire tourner, de clic en clic, à coups de « +1 », « J’aime », avec la garantie de n’enfumer personne sauf celles et ceux qui ne mangeraient pas de ce pain-là et qui recevraient un jour ou l’autre un deuxième tiers plus salé.

Slam électronique

On s’est gaufrés comme leurs cheveux dissimulés
Méprise ! Elles méprisent et elles snobent et elles toisent
Arborent leur différence et leur identité
En défiant du regard presqu’en cherchant les noises

On s’est plantés comme des choux gras à la mode
Les sommant de s’émanciper de mettre les voiles
Tant avant elles sont mortes en rêvant de l’exode
D’où notre incitation à lever le voile

On s’était leurrés comme on les avait leurrées
Avant l’heure l’uniforme en recrudescence
Qu’elles exhibent avec pudeur pour mieux dévoiler
Un pacte d’équité non immolé par essence

On les voulait nues, non dénuées de bon sens
On les voulait libres, volages et insoumises
Elles se protègent, elles nous protègent de nos sens
Prisonniers des fantasmes…que le mystère attise…

Nul n’a le monopole de l’interprétation de cet e-slam
Qui dans l’excès profite aux ignorants à l’arrière des taxis
Sinon par les idées nul ne domptera ce retour de Flam
Capitaine qui vient jusqu’ici sans être de notre galaxie

Ne jalouserions-nous pas leur foi ?
Dépités, nos rêves se sont fait la malle
Adhésions conversions nous fourvoient
Alimentent nos conclusions à deux balles

Autour des oliviers palpitent les origines
Avant nous tout a été pillé, rêves, idéaux, Cash
Reste l’intégrisme que le Boson de Higgs torpille mine
Si le temps le permet, après le Big Bang le Big Crunch

Dans ce contexte propice c’est l’affreuse qui monte
A visage découvert, blonde elle nous inonde
De clichés et idées simplistes et immondes
Sous couvert de tous ces voiles sur la Joconde

On peut être laïque et agnostique
Comprendre l’Islam, bien relire cet e-slam
Et devant des excès ne pas rester stoïque
Sans toucher le fond qui précède sa lame

On les avait prévenues « faut mettre les voiles »
Et comme une lettre qu’elles ont prise à son pied
Le « s » le pluriel ont disparu de la toile
Et le pluralisme les a abandonnées

Certaines osent, d’autres n’osent pas
Certaines choisissent, d’autres pas
Celles qui choisissent à grands pas
Condamnent celles qui n’osent pas

On peut récuser les polygames
Défendre l’Islam et ce Grand Corps
Malade qu’on accable à tort
Sans qu’il n’y ait d’amalgames

On peut être critique, laïque et agnostique
Comprendre les musulmans, comprendre l’Islam
Aimer la viande les légumes et bouffer chez Quick
Aimer le sucre et bouffer de l’aspartame

D’un côté, voilée c’est toujours mieux que rien
Personne ne peut s’enticher d’un drap
Voilée pour ne plus trahir les siens
Sauf à finir entre deux beaux draps

Cet e-slam est un défi rieur
Lancé pour qu’elles se dévoilent
Dévoilent leur beauté intérieure
Croient à poils en leur belle étoile

On s’est gaufrés comme leurs cheveux dissimulés
C’est peut-être ça la beauté intérieure
Les grandes dames camouflent leurs traits les plus laids
Au grand dam du ministère de l’Intérieur

A trop vouloir forcer la nature, de botox
Le voile censure les ravages du temps
Plutôt que chirurgie, maquillage et intox
Le voile camoufle formes et visages déplaisants

On les pensait toutes asservies, avilies
Beaucoup font pourtant ce choix arbitraire
Qui laisse deviner des dessous avachis
Il ne leur reste qu’à prouver le contraire

La ligne de démarcation

D’un côté, on élit Scarlett Johansson femme la plus sexy du monde, on vote par SMS pour d’illustres inconnus qui se trémoussent sur des plateaux télé, on démocratise le vulgaire, on le vulgarise, on twitte sur les seins de Rihanna, on parie sur des résultats sportifs, on est addict au bling bling, à ce qui brille, aux paillettes, au paraître, on fait mousser, on vernit tout ce qui s’effrite jusqu’au bout des ongles, on regarde la lumière et on s’y voit, on s’élève en bassesses, on lève son verre à n’en plus finir, on porte des toasts…mais des toasts à qui ?, on se starifie en s’exhibant sur les réseaux sociaux, on se met en scène.

De l’autre, la lumière non artificielle. On met en scène les autres et pour les autres, avec l’obsession d’aller au bout des choses, sans rechercher absolument la lumière mais en l’hébergeant à chacune de ses incursions, à chaque pièce, à chaque film, avant de la voir s’enfuir immédiatement dès le rideau tombé, lumière pressée, lumière ingrate mais méritoire car naturelle, lumière souvent posthume, trop tardive, lumière rappelant aux spectateurs consuméristes ce qu’ils ont tant aimé avant de vaquer à d’autres « occupations », lumière nécrologique saluant les carrières exceptionnelles à l’instar de celle antistar de Patrice Chéreau, qui préférait le train à l’Eurostar, dont l’œuvre globale, totale, est saluée par ses acteurs qu’il aimait tant, ses acteurs qui l’aimaient tant. Et puis l’ombre. On fait de la recherche fondamentale pour que dalle, on s’évertue à trouver des remade in France contre l’Alzheimer, des parades au Sida et au cancer pour des clopinettes dont on veut réduire la consommation, on méconnait les justes, les fourmis de l’humanité qui n’ont pas le temps d’aller à la Cigale, on ambitionne d’aller vivre sur la Lune, de dépolluer la Terre, on invente, on crée, on se donne corps et âme pour le Nobel jusqu’à la conversion, on soigne, on imagine, on s’enthousiasme, on s’exaspère on désespère, on crève la dalle, on se rince la dalle pour qu’eux dallent.

D’un côté, on deale, adeptes du Big Deal, ignorant tout du New Deal, on dealapide en dealettante, on espère gagner au Loto, on aspire à devenir professionnel de football, on oublie que les agents n’y manquent pas d’r.., on table sur un beau mariage, on table sur la multiplication, on espère ferrer la perle rare comme on pêche un poisson à qui on éclate la gueule, on implore la chance, la réussite, des dieux, on peut s’engager pour une cause facile tant qu’elle ne requiert pas trop de temps, tant que ça reste un loisir, tant que ça n’empiète pas trop sur son temps, on aide par intérêt, on attend un retour, sur investissement, qui ne vient jamais, car le retour vient après l’aller devenu pis-aller, on n’investit plus, à charge de revanche, on brigue la richesse immédiate et ses signes extérieurs, les marques, la marque au crocodeal, on consacre toute son énergie à dénicher un terrain fertile en argent facile comme les texans achetaient à l’aveugle des terres qu’ils retournaient dans l’espoir d’en voir jaillir du pétrole, terre à terre, on sert sa cause en premier lieu, on soigne sa com’ mais on parle ça comm’.

De l’autre, on fait des rêves qu’on ne réalisera jamais, on fantasme, on vibre. On s’évade pour ne plus être où on est, on idéalise, on a des utopies, des phobies destructrices. On avance puis on recule. On demande de l’aide, la seule aide disponible est l’aide en ligne, même l’épicier ne l’est plus, racheté par Carrefour en 2012. On donne sa vie pour une cause, souvent perdue. On brigue la richesse, spirituelle, sans abuser de spiritueux ou alors c’est une soumission. On s’engage, on engage une course contre la montre, plus le temps passe, plus on redoute de décevoir l’enfant qu’on était, plus on achète à la Redoute, plus le champ des possibles se referme.

D’un côté, des millions brassés, une justice sur laquelle on peut faire pression politiquement, médiatiquement, on gruge en puissance, des dés pipés sans jamais casser sa pipe, en toute impunité, en toute immunité, l’argent public se volatilise on ne sait où, c’est incontrôlable on nous dit. 10000 licenciés par-ci, 10000 par là. C’est la loi du nombre, une interprétation de la démocratie, une manipulation sordide.

De l’autre, des redressements, des pénalités, des fichages Banque de France pour des impayés dérisoires dont l’action de fichage coûte souvent plus cher que le montant de l’impayé, le fameux syndrome de la redevance télé (alors qu’on devrait nous payer pour la regarder), on survit d’allocations et d’aides de l’Etat en étant pointés du doigt par ceux qui détournent l’argent public, on culpabilise, on vit des fins de mois oppressantes, on se demande comment font les autres. On paie tout et n’importe quoi, on se paie notre tête, bientôt on paiera l’air qu’on respire, ça deviendra irrespirable.

D’un côté le fric et la frime en vacances.
De l’autre les frasques et Fram en vacances.
D’un côté, la frime mousse.
De l’autre, la frimousse.

D’un côté l’argent facile, la quête absolue de l’absence d’effort, le culte de la fainéantise, l’apologie de la paresse, la société du plaisir et du loisir à tout prix, il faut être heureux. La réussite d’une vie se mesure à ça, au confort qui nous habille. Cœur, chaumière, compte en banque. L’argent facile. L’argent trop facile. L’argent facile qu’on a rendu possible. L’argent facile qu’on démocratise. L’argent facile qui prospère. Youpla Boum. Un taux de chômage sans précédent mais des postes non pourvus car jugés trop besogneux. Un taux de réussite au bac sans précédent mais des jeunes dans l’incapacité de mettre en pratique leurs connaissances. Des jeunes démobilisés. Des jeunes hyper cultivés qui s’abêtissent. Des réseaux sociaux largement déployés mais un isolement sans précédent. Du temps qu’on ne supporte plus de perdre, on klaxonne, dans les files d’attente il faut occuper le temps, paralléliser, pianoter sur son mobile, envoyer à ses amis virtuels « Pfff ! Je fais la queue ! :-) :-( ».

De l’autre, une quête d’absolu, de sens à sa vie. L’immatérialisme comme valeur. Du temps qu’on ne supporte plus de perdre, dans les files d’attente, en voyant les autres passer devant, on klaxonne.

D’un côté, on s’inquiète de voir des condamnés en e-liberté, hors les murs des prisons, on s’inquiète aussi en théorisant sur la prison qui violente, embrigade, sectarise, islamise, on stigmatise ces usines à fabriquer des criminels, on ironise sur le fait que ce sont les seules usines françaises en expansion, on ne veut plus voir un condamné dehors, on condamne à perpétuité, qui vole un œuf vole un bœuf.

De l’autre, on s’inquiète de la surpopulation carcérale, on réalise que les conditions de détention proches de l’élevage de bétail transforme les condamnés en animaux à la différence près qu’ils ne finiront pas hallal sous couvert de la loi, on s’émeut de constater que la prison ne laisse pas indemne, c’est l’indemnité du condamné, on ne place pas au même niveau tous les délits, on discerne, le discernement c’est la valeur ajoutée de l’homme, ce qu’aucune machine ne pourra jamais remplacer, ni en 84 ni jamais. On discerne.

Et entre les deux camps, une ligne de démarcation virtuelle. Une ligne imaginaire, pas la ligne Maginot : on fait tous partie des deux camps. On peut passer d’un camp à l’autre sans risquer les balles, pas de no man’s land comme à Berlin. Ce n’est pas seulement le mur qui a chuté, ce sont aussi les idées. Depuis que les blocs communistes se sont effondrés, depuis qu’on sait comment les blocs communistes ont gouverné, les idéalismes ont morflé. Il reste la démocratie capitaliste ou la dictature. La résignation ou les idées faciles, manichéennes, blanches ou noires mais blanches avant tout, la montée de la haine qui ne fait plus honte à ses partisans. Pourtant on mérite bien mieux que ça. La crise actuelle est surtout une crise d’idéaux. On a autant besoin d’idéaux que d’argent. Il y a dix ans, on disait que c’était une fin de siècle, maintenant on dit que c’est une fin de cycle. On n’en sortira pas sans nouvelle idée. Pourtant personne n’imagine d’autres voies que les recettes du passé. La facilité est l’ennemie du bien.

L’équilibre est instable. On oscille : on ose puis on cille. Notre trajectoire est sinusoïdale, la tempête n’en finit plus de donner son avis, la mer est agitée, l’amplitude des hauts et des bas augmente, la ligne de flottaison intime gigue, l’écart se creuse puis se resserre avant de se débiner et de laisser la place à…l’étau. Toute notre énergie est alternative, faudrait un convertisseur alternatif/continue, y en a partout, c’est juste un hacheur pas cher, mais si c’est pas cher c’est produit hors de France, forcément, on sait plus s’ « il faut avoir les moyens », ou s’« il faut se donner les moyens » sans qu’ils ne « justifient la fin ». On ne sait plus s’« il faut donner un sens à sa vie » ou s’« il faut profiter de la vie ». On ne sait plus s’ « il faut assurer ses arrières » ou s’« il ne faut pas regarder derrière soi ». On dit qu’« il faut souffrir pour être beau » mais on a beau chercher, ceux qui ne souffrent pas sont plus beaux. On a le choix entre l’eau vive ou l’eau-de-vie, « c’est la vie » !

On dit que l’argent pourrit tout. Non. Trop facile. De tels raccourcis déresponsabilisent, infantilisent, rendent passif, spectateur de notre société. Ce n’est pas l’argent qui pourrit tout, c’est l’argent facile, c’est la facilité.

On franchit allègrement la ligne de démarcation dans un sens ou dans l’autre, les missions (conversion, espionnage, curiosité, contradiction, hésitation, bipolarité…) en territoire adverse sont légion, nous sommes définitivement et irrémédiablement complexes. Pourtant un jour ou l’autre, il faudra choisir son camp.

Choisir son camp car on ne peut plus se laisser gangréner par l’absence de perspective, par la haine, par les extrémismes, par les idées faciles qui ont engendré ce qu’on sait et qui laissent à penser que ses partisans sont soit incultes soit mal intentionnés, les deux restant possibles. On ne peut plus ne pas dormir sous prétexte qu’on n’a plus de rêve.

Choisir son camp car on n’a pas le droit de laisser les extrêmes sur les devants de la scène, ça a déjà été essayé en 1933 en Allemagne. Si on leur laisse le pouvoir, même juste pour voir, ils le confisqueront, on ne le reverra plus sauf au prix du sang et des larmes. On mérite mieux que ça. On ne mérite pas de faire partie d’une génération qui régresse à l’échelle de l’humanité, c’est-à-dire une génération qui n’aurait rien appris du passé.

Choisir son camp car on n’a pas le droit de laisser la scène à ces spectateurs qui veulent faire l’acteur en balançant des tomates, on sait quel navet ils préparent, c’est du réchauffé, on a vu à Marignane, Orange, Vitrolles. Censurer les bibliothèques et la programmation à l’échelle d’une ville est éloquent, démontre ce qui pourrait être fait à plus grande échelle. On préfère les voir jouer à la courte échelle et se ramasser.

Taxons l’argent facile et sa redistribution coulera de source.

Souviens-toi / Il est planté là / C’est tout l’or de nos vies / Ramène-le moi / Pour une seconde / Et pour essayer / Voir si la route est longue / Et si elle me plait.

Déterminons un critère de pénibilité, celui-là même dont il est question pour les retraites. Pondérons, discernons.

Indexons le taux d’imposition sur la pénibilité et la prise de risques. Sans stigmatiser les entrepreneurs, sans kolkhoïzer la réussite, autre leçon du passé. Il est juste qu’un entrepreneur qui prend des risques récolte les fruits de son audace. Il est juste qu’un homme qui prend la responsabilité d’en employer d’autres puisse s’enrichir. Il est juste qu’un homme soit rétribué en conséquence si sa vision stratégique et ses choix pérennisent de nombreux emplois.

Que penser en revanche d’un individu qui siégerait dans un ou plusieurs conseils d’administration, qui serait assis sur une mine d’or et qui continuerait de s’enrichir sans rien faire, sans rien partager ?
Que penser de tous ces foyers aux revenus élevés qui investissent dans l’immobilier et défiscalisent en masse avec la complicité de tous les gouvernements ? Sait-on que par ce biais leur Quotient Familial est au plus bas ? Sait-on qu’ils reçoivent toutes les subventions basées sur le Quotient Familial, qu’ils paient la cantine scolaire au prix le plus bas par exemple ?
La défiscalisation n’est-elle pas une incitation au surendettement ?

Tant qu’il y aura des hommes…et de l’argent facile, chacun cherchera à « en être », chacun s’estimera lésé, chacun s’efforcera de franchir la ligne jaune, la ligne de démarcation dont les gouvernements ne s’aventurent qu’à en modifier les règles du jeu, armés d’un tournevis de poche.

Redonnons à l’argent une odeur, celle de la sueur.

L'île de l'inCantation

L’île n’est heureusement pas déserte, j’en témoigne.
Peuplée de visages, de figures et d’écorchés vifs, l’île est perchée sur les océans du vide en zone cyclonique. Sa densité reste faible, il y reste de la place, beaucoup de place.
Bien que son nom puisse induire en erreur, on ne pratique pas l’incantation ni la tentation sur cette île, la fidélité n’y est pas mise à l’épreuve, seule la tentation d’y poser ses valises est éprouvée.
Octobre en attendant la sortie de l’album, divers clins d’œil et références se mêleront aux textes à venir, toujours discrets mais visibles en Italique.

Droit dans le soleil

La France est un Etat de Droit, ou plutôt un état de droits divers et variés : droit d’inventaire, droit de grève, droit de cuissage, droits de succession, droit dans les bottes…avant d’être tous en fin de droits, voici une invitation à regarder droit dans le soleil. Attention, les effets indésirables suivants ont été décelés, si vous en êtes victime, veuillez consulter votre médecin (et rendre l’âme à qui elle appartient) :
- Ames sensibles ou manichéennes s’abstenir
- Regarder droit dans le soleil brûle la rétine, peut troubler la vue jusqu’à l’éblouissement voire l’aveuglement
- Des manifestations de démence haineuse sont les effets indésirables les plus fréquents
- Emotions garanties

Peut-on donner une chance à l’Artiste en condamnant l’homme et sans faire preuve d’indécence ? Ce ne serait pas la première fois…
Oui si l’on considère qu’on peut se trémousser avec désinvolture sur Sex Machine de James Brown, reconnu coupable de violences conjugales à plusieurs reprises…Soyons désinvoltes…
Oui si l’on considère qu’on peut apprécier des films avec Schwarzenegger on occultant le nombre de morts par injection létale en Californie sous son mandat, mandat qui lui conférait le pouvoir d’annuler les exécutions.
Oui si l’on considère qu’on peut s’extasier par millions devant des footballeurs qui paient une mineure pour faire l’amour avec elle…et si l’on considère qu’un footballeur est un artiste…donc Non.
Oui si l’on considère qu’on peut encenser Joey Starr pour sa brillante prestation dans Polisse, pour sa reconversion cinématographique…qui rappelle les compositions de Cantat en 1989, Joey I et Joey II, (Album « Veuillez rendre l’âme à qui elle appartient»), coïncidence stupéfiante ou anachronisme ?
Oui si l’on considère qu’on peut décerner un César à Cyril Collard pour son autobiographie cinématographique dans laquelle, se sachant séropositif, il incite sa partenaire de sexe à ne pas porter de préservatif, l’amour étant plus fort que tout, plus fort que le Sida…Moralité il est mort alité…
Oui si l’on considère qu’on peut s’émouvoir sans retenue devant les œuvres de Picasso, en faisant fi des dégâts humains causés par l’homme, toutes proportions gardées car il n’a jamais tué personne de ses mains d’or.
Oui si l’on considère qu’on pourrait lire, éditer, publier, promouvoir, recommander un héros de l’amer, un écrivain qui jetterait de la poudre aux yeux…et dans le nez de jeunes filles sans vécu amoureux.
Oui si l’on considère qu’on peut vénérer Gainsbourg pour l’ensemble de son œuvre en omettant le sort qu’il souhaitait réserver à W.Houston, sa fronde à l’égard de C.Ringer qui auraient mis aujourd’hui dans la rue une armée mexicaine de Femen appelant au boycott de ses œuvres.
Toutes proportions gardées, là encore, la liste de réponses accréditant cette thèse pourrait s’étendre à l’infini…

Heureusement, encenser l’œuvre d’un Artiste ne rend pas solidaire de ses fautes et errements d’homme. Pourtant, on cherche à culpabiliser les fans de Noir Désir. Pourtant, aucun d’eux, aucun de nous, n’a nié ni minimisé la gravité des faits. Jamais.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Vilnius est un traumatisme pour les fans. Une trahison d’autant plus absolue que les engagements de l’Artiste la rendaient indécelable, une tromperie comme il y en a eu peu, une supercherie odieuse, une déflagration dont la magnitude fut encore plus forte que celle qui frappa les français quand ils découvrirent le vrai visage de DSK après lui avoir accordé leur confiance (toutes proportions gardées là encore car DSK n’a tué personne).

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Aucun de ses fans ne lui a accordé de circonstance atténuante. Soutenir n’est pas atténuer. Cantat lui-même ne s’est trouvé aucune circonstance atténuante : il n’a jamais fait appel, n’a jamais tenté de justifier son acte, n’a jamais essayé d’édulcorer la gravité de la situation, n’a jamais nié en bloc Lolita.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Il a « payé sa dette envers la société » comme on dit vulgairement. Cette phrase est ignoble et n’a plus aucune valeur. Parce que l’endettement est devenu notre modèle, plus personne ne rembourse ses dettes, plus personne ne peut rembourser ses dettes, pourquoi un condamné pourrait-il le faire ? C’est un contresens (il ne faudrait pas non plus donner de mauvaises idées aux politiciens qui, en divaguant à l’absurde, pourraient pousser au crime pour réduire l’endettement de la France, si seuls les condamnés peuvent payer leurs dettes). Mais bon, maintenant qu’il aurait payé sa dette envers la société, voilà que des polémiques nauséabondes l’impliquent dans le suicide de sa femme. Juste au moment de la sortie de son album, avec en filigrane pour enjeu la garde et le droit de visite de ses enfants. Hasard, coïncidences ou au contraire une récidive avérée ? Pas de réponse, juste des rumeurs, des faisceaux d’indice. Mais enfin, cela ne gêne personne de faire témoigner une morte ? Kristina qui, de son vivant, avait plaidé sous serment la cause d’un Cantat non violent, plaidé sous serment la cause d’une tragédie sans précédent. Kristina qui n’est plus là pour faire la lumière, plus là pour regarder droit dans le soleil. Kristina qui n’est plus là pour lever le voile sur cette situation dont la confusion alimente le fonds de commerce de ces nageurs en eaux troubles, de ces chiens comme disait Mitterrand, de ces experts en ventilation si l’on considère le vent que les mots dans leurs bouches produisent, si l’on considère aussi leur compétence à toujours savoir mettre un ventilo à pleine puissance dans des fosses septiques. Nul besoin d’être agoraphobe pour abhorrer ces mouvements de foule pestilentiels, ces torrents de boue et de haine putrides qui n’ont pas toujours été à la hauteur des événements qu’ils défendaient, et en général en-dessous de tout dès qu’il a fallu en groupe porter un message répressif ou vengeur.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais, mais il ne mérite pas le sort réservé aux récidivistes, personne ne mérite le sort réservé aux récidivistes tant que la récidive n’est pas avérée. La présomption d’innocence s’applique. Attendons que la lumière fût. Regardons droit dans le soleil.

Ceux qui crachent sur l’artiste Cantat aujourd’hui sont certainement animés d’un malaise sincère et se pensent engagés contre la violence faite aux femmes. Pourtant, un engagement, ce n’est pas ça.
Nul besoin d’être des millions pour enfoncer une porte ouverte, pour tirer sur une ambulance. Nul besoin d’un bazooka pour écraser une mouche ni de confiture pour les cochons. Nul besoin de s’engager pour mener un combat gagné d’avance. Ils sont si nombreux à tirer sur le pianiste que cela n’apporte plus rien de les rejoindre. Un engagement, ce n’est pas ça.
Déjà, on ne défend pas une cause en désignant avec autisme un coupable idéal, une tête de Turc qu’on ne veut pas voir en Europe, une tête de Rom qui fait des vagues ou plutôt des flots (d’ailleurs on ne l’entend pas, Duflot, au sujet de Cantat…elle apprend à se taire, à concilier ses convictions et sa position au gouvernement, elle sauve son couple juste avant de Vallser). La désignation d’un coupable n’a jamais constitué une solution ; envoyer Kerviel et Madoff sous les barreaux n’a pas permis d’enrayer la faillite mondiale du modèle capitaliste ni de sortir de la crise…
Un engagement n’est pas un acte facile, un sujet de conversation rassembleur, une simple posture, la recherche égoïste de paix intérieure. Un engagement est un acte douloureux et utile. Un acte qui bouleverse et qui irait à l’encontre des idées reçues ou de l’opinion publique, un acte qui fait bouger les lignes. Un engagement est tout sauf facile, tout sauf évident, tout sauf lazy. Ou alors, c’est une formalité.
Soutenir Cantat dans le contexte actuel est un engagement.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Ses détracteurs voudraient lui couper le sifflet. Lui interdire de regarder droit dans le soleil. Le souhaitent malade, fantasment de voir Bertrand Cantat triste chauve. N’ont certainement jamais lu Ionesco. Le veulent mort artistiquement, soufflent sur des braises, attisent le grand incendie, les oriflammes, le bûcher, dansent sur le feu Maria. Ses cendres, le vent les emportera.

Ses détracteurs ont parfaitement compris que l’homme cherche à sauver sa peau en faisant l’Artiste.
Ses détracteurs ont parfaitement compris que flinguer l’Artiste c’est tuer l’Homme.
Ses détracteurs militent sans en être conscients pour le rétablissement de la peine de mort.
Ses détracteurs condamnent la justice française et plébiscitent l’omerta, la vendetta.
Ses détracteurs oublient qu’il a deux enfants qui n’ont plus que lui.
Ses détracteurs pourraient juste le mépriser en silence.
Ses détracteurs ne sauront jamais que c’est un Artiste exceptionnel. Une voix, un poète, un son, one trip, one noise. Un écorché vif aux sévices dont on sent les vices, un héros de l’amer qui regarde droit dans le soleil et défie la couleur des dieux, retourne les scènes pour y voir du ciment sous les plaines.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Cantat a vendu son âme au diable mais se bat pour la récupérer, il supplie le diable pour qu’il veuille rendre l’âme à qui elle appartient.

Cantat moi, quand il se sera foutu en l’air, je serai animé d’une grande tristesse devant un tel gâchis mais je n’aurai pas contribué à précipiter sa chute. Je n’aurai pas confondu l’Artiste et l’homme, je n’aurai pas réduit son œuvre à la tragédie de Vilnius, même si les deux resteront gravées à jamais. Et tant pis si j’aide l’homme à se reconstruire. Ou tant mieux. Je ne sais plus.
Cantat a un champ d’expression quasi nul. Finis les engagements et les avant-gardismes, sous peine de s’exposer aux railleries. Pas de platitude possible sous peine de décevoir définitivement ses fidèles. Pas de composition instrumentale, c’est sa voix qui manque. Et pourtant, il est parvenu à créer « Droit dans le soleil » dans cet espace infime. Un texte sublime, qui ne justifie pas l’injustifiable, qui n’explique rien mais un manuel de survie pour tous ceux qui, victimes ou coupables de douleur, veulent continuer de se battre.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Il est devenu l’ennemi public numéro 1, haï par une grande frange de la population, surprotégé par ses fidèles dont l’excès paraît déplacé, indécent, mais n’est au fond qu’une réaction de mitigation, une réaction de compensation par rapport aux critiques destructrices et acharnées qu’il essuie : Cantat, c’est Mozart qu’on assassine !

Merkel über alles, les autres en-dessous de tout ?

Ce qui suit n’est qu’une extrapolation, la narration d’un scénario probable aussi rocambolesque que salvateur. Mais bon sang mais c’est bien sûr ! Comment avions-nous pu nous tromper à ce point ?

Aujourd’hui, c’est comme un parfum d’évidence voire de délivrance qui se répand. La dévaluation de l’euro a été actée en haut lieu, l’austérité en Europe c’est fini…et dire que nous n’avons rien vu venir, englués dans des tracasseries individuelles de bas étage pour les uns (résidents de la France d’en bas), obsédés par des considérations matérielles de haute voltige pour les autres, aveuglés par nos chinoiseries franchouillardes.
Nous n’avions donc rien compris, persuadés que notre Président avait plus de visions que de Vision, convaincus qu’il faisait des ronds de jambes à Merkel tout en glissant subrepticement quelques peaux de bananes à son intention, cherchant là à nous démontrer sa non-dévotion tout en lui assurant par ailleurs qu’elle était indiscutable, dans un remake de cette tristement célèbre synthèse de 2005 dont il avait été le Maître à penser ; cette synthèse incohérente mais stable, dont les parties communes avaient été dérisoires ou insignifiantes, où toutes les parties avaient gardé l’essentiel pour elles, une synthèse qui avait fini par se dessiner par épuisement, lors d’une nuit sans fin faisant de l’ombre aux 24 heures, autour d’un pot de rillettes décisif ; l’organisation du congrès de synthèse dans la ville du Mans constituant un de ces détails qui font l’Histoire…
Nous n’avions donc rien compris, persuadés que Merkel avait plus d’idées noires que d’Idées, convaincus qu’elle martelait son Diktat, coupable d’un autisme harcelant, s’obstinant à imposer le Merkantilisme européen seule et contre tous, au-dessus de tout, dans un remake de « Deutschland über alles » qu’on ne chante pourtant plus en Allemagne depuis 1991.
Nous nous étions fourvoyés, résignés, persuadés qu’ils étaient de la trempe de tous leurs prédécesseurs qui n’étaient là que pour durer, convaincus qu’après eux aussi le déluge. Nous ne savions pas qu’Angela et François avaient décidé de changer le Monde le 15 Mai 2012.

Flash-back. Nous sommes le 15 Mai 2012. En catimini et en Allemagne, Angela et François, décrètent la dévaluation de l’euro et la fin de l’austérité en Europe. Chronologie des faits ce jour-là :
Angela et François commencent par un vaste état des lieux des synergies potentielles à l’échelle de l’Europe : administratives, énergétiques, agricoles et militaires. Ils en arrivent rapidement à la conclusion suivante : il y a là beaucoup plus d’économies non souterraines à faire qu’en acculant les grecs.
François rebondit sur la Grèce. D’accord, depuis quelques décennies, les grecs trichent et ne paient pas d’impôts alors que nous, allemands et français, les acquittons. Mais pour quel bilan au final ? La dette de la France en est-elle maîtrisée ? Non. Au risque de paraître absurde, la démonstration est éloquente, Angela et François en conviennent : le problème n’est donc pas la Grèce…la Grèce est peut-être même LA solution à la crise européenne, paradoxalement. Pourquoi ?
Déjà, les grecs savent pour l’avoir expérimenté que les périodes de puissance précèdent et suivent les disettes, que toute vague est à la hauteur de son creux, que la Terre tourne, que l’Histoire de nos vies suit une trajectoire sinusoïdale dont l’enjeu n’est pas d’essayer de culminer à l’infini (car c’est un combat vain) ; l’enjeu est de s’armer pour affronter les dépressions en acceptant les règles de cette tournante.
Les Grecs dominèrent le monde il y a 2500 ans et sont sous perfusion aujourd’hui, les grecs sont en faillite financière alors qu’ils seraient dans une situation hégémonique s’ils tentaient de revendiquer la paternité de leurs idées qu’on pille, qu’on relègue au rang d’antiquités au même moment où nous, Français et Allemands, nous enrichissons sur des brevets parce que nous les avons déposés…avant eux…
Les Grecs inventèrent la démocratie dont tous les pays essaient de s’inspirer. Les Grecs furent platoniques si l’on considère qu’ils exercèrent leur domination sans effleurer les dérives et les abus de pouvoir de nos gouvernances actuelles, qu’ils préférèrent le sabordage à la compromission, ce qui les mena là où ils sont aujourd’hui. Les Grecs sont magnanimes si l’on considère la hauteur qu’ils prennent en acceptant patiemment et dignement le sort qu’on leur réserve. Les Grecs essaient de remonter la pente quand on fait tout pour retarder l’inexorable chute.
D’un certain de point de vue, les Grecs sont bien en avance sur nous puisqu’ils ont détenu le pouvoir 2500 ans avant. Petit conseil à ceux qui contesteraient l’irréfutabilité de ces faits : qu’ils aillent se faire voir chez les Grecs, juste une fois.
Angela et François esquissent alors un modèle européen, le seul qui fasse sens si on veut s’unir, pour le meilleur et pour le pire, et challenger les suprématies Chinoise et Indienne à venir : dévaluer l’euro et mutualiser les dettes. Mais il n’y a pas que la misère à partager ; il y a aussi et surtout des richesses communes à développer. Pourquoi les pays du Sud de l’Europe ne pourraient-ils pas fournir l’énergie solaire à l’Europe du Nord ? Pourquoi ne pas définir une charte agricole à l’échelle de l’Europe ? Pourquoi plusieurs pays européens continuent-ils d’investir sur la dissuasion nucléaire si l’Europe est construite pour parler d’une seule voix militairement ? Non, il n’y a pas que la question du travail à délocaliser sur les terres des bas salaires, laissons ce sujet-là aux cadres supérieurs sans vergogne qui gèrent leurs entreprises comme ils élèvent leurs enfants : en les paupérisant au final. Il y a une charte européenne globale à bâtir en faisant comme si l’Europe existait déjà…ou plutôt comme si le peu de chemin parcouru était irréversible…

Angela et François font alors une courte pause pendant laquelle François sort un pot de rillettes made in France dont ils se délectent avant de reprendre.
Angela et François superposent alors leurs agendas pour établir un calendrier d’action. Deux périodes en commun ressortent. La première, acquise, du 15 Mai 2012 au 22 Septembre 2013 : trop courte. Et une autre, probable, après le 22 Septembre 2103, de 3 ans et demi au minimum, à condition de ne pas la compromettre avant le 22 septembre 2013…Le dilemme cornélien.
Angela propose d’agir après le 22 Septembre 2013 mais François s’en offusque, frustré ; tout juste élu, il vient de faire plusieurs discours volontaristes et ne veut pas perdre de temps. Mais Angela insiste et étaie : la situation démographique de l’Allemagne en fait une retraitée de luxe, les allemands (ses électeurs) ont épargné une fortune « kolossale » en banque, une dévaluation de l’euro les ruinera. Même si elle concède que c’est la décision la plus équitable à l’échelle de l’Europe, la seule possible, l’afficher trop tôt entraînerait l’élection le 22 Septembre 2013 d’un chancelier aux idées contraires, dézinguerait tout le plan ! Angela rappelle enfin à François combien la nécessaire réunification fut douloureuse sur le plan financier, la plaie se cicatrise à peine ; la question de ne pas intégrer l’ex RDA ne s’était d’ailleurs pas posée car son peuple est discipliné. Son peuple acceptera donc le New Deal, à condition qu’elle soit réélue. Déçu mais se rendant à l’évidence, François opine du chef qu’il est depuis peu et cède tout en maugréant : il ne peut pas rien se passer pendant 1 an et demi, tout de même ! Alors il obtient la possibilité de faire quelques coups médiatiques d’ici là, comme celui sur les eurobonds, en échange de quoi il nommera un premier ministre fantoche qui parlera allemand, pour rassurer outre-Rhin.

Bon sang mais c’est bien sûr ! Angela et François ne pouvaient pas agir avant le 22 Septembre 2013. CQFD. Angela, François, vous aviez tous les pouvoirs, désormais vous avez le temps pour les exercer. Le changement c’est maintenant. Ou jamais.

Les gars de la Marine

Non, je ne le nommerai pas, ce serait cautionner cette manœuvre, contribuer à promouvoir son retour sur les devants de la scène, participer au come-back d’un phénomène de foire…ou de mode si l’on considère que ce qui n’est plus au goût du jour (si tant est qu’il l’ait été) puisse redevenir de bon goût, un jour. Certes, quand on n’a plus rien, on n’a plus rien à perdre…mais quand on en a plein le dos, est-ce vraiment le moment de s’abaisser, de s’affaisser ? (cul nu, si l’on veut resituer le contexte télévisuel des années 80, vaseux à foison, de l’Histoire ancienne…à ne pas confondre avec le vase de Soisson).

Disparaître du PAF après avoir été omniprésent est une petite mort, tout comme une retraite de sportif de haut niveau dont peu se remettent. Pourtant la ressemblance s’arrête là. Les athlètes sont suivis psychologiquement, sont préparés à ce que leur corps les lâche un jour ou l’autre, anticipent leur reconversion. Mais on ne disparaît pas du PAF pour une rupture de ligament croisé.
Les vedettes de télé se veulent éternelles, envisagent le long terme en cajolant le court terme, le visible, le sensationnel, avides de performances immédiates, guettant les résultats hebdomadaires comme on craint le couperet ; l’Audimat. Finalement, au jeu des ressemblances, disparaître du PAF s’apparente plus à une fin de mandat d’homme politique…sauf que les mandats politiques sont plus longs et donc plus ennuyeux, et puis on laisse aux politiciens le temps de nous honorer d’un irréversible et solennel « Au revoir » qui en dit long, un « Au revoir » durant lequel la bête blessée reconnaît sa défaite, admet son unique erreur, celle de ne pas avoir su nous convaincre que nous allions nous tromper en ne votant pas pour lui, un « Au revoir » gainsbourgien pendant lequel l’orateur visualise les chaumières pleurer, regrettant déjà de s’être trompées, un « Au revoir » qui signifie une retraite à jamais de la vie politique, mais comme il ne faut jamais dire jamais, une retraite pour toujours de la scène ; bref, un discours dont on attend la fin avec impatience, à l’image du mandat qui s’écoule et de cette phrase interminable sans queue ni tête. Ce n’est qu’un « Au revoir » mes frères…

C’est donc nous, simples citoyens, intermittents spectateurs, qui décidons de placardiser les célébrités ou de leur accorder un répit supplémentaire, c’est donc nous qui attisons ce sentiment de révolte, de désespoir et d’injustice quand les vedettes ne peuvent plus brasser des millions, nos millions, « qui veut les gagner ? » ; comme ça, sans préavis, en toute ingratitude.
Et c’est là que ça devient passionnant. On observe alors plusieurs comportements chez ceux qu’on souhaite oublier, ne plus voir. Ceux qui ne s’en remettent pas et qui sombrent dans les méandres de l’anonymat, je n’en parlerai plus puisqu’on ne s’en souvient pas.
Et ceux qui ne s’avouent pas battu, jamais vaincu. Ceux-là sont redoutables. De véritables guerriers. Ils connaissaient les secrets de l’audience, les recettes du succès pour l’avoir apprivoisé. Forts de leur échec, ils maîtrisent maintenant leurs limites, détiennent les clés de leur longévité qu’il faudra gérer comme on cuisine un soufflé au fromage, maniant habilement la montée en température sans risquer l’overdose, dans un équilibre aussi instable que précaire. Ceux-là savent qu’on ne regonfle jamais un soufflé au fromage. Quand c’est trop tard, il faut tout jeter et laisser le temps faire son effet, permettre aux enzymes d’agir et d’effacer les traces de l’indigestion, les empreintes de leur omniprésence passée, orgiaque. Pour préparer leur résurrection, plus tard, quand ils sortiront du bois, en temps de crise, pour réveiller des souvenirs que la mémoire, en panne de lucidité, idéalise, comme on ravive une flamme…

Non, je ne le nommerai pas. Je cherche à comprendre, c’est déjà énorme ; à lui trouver des circonstances atténuantes qui remonteraient à la petite enfance. Maltraitance ? Traumatismes ? En fouillant un peu, le terrain de son passé est en effet fertile (et glissant).
D’abord, ses initiales auraient dû le placer en haut de l’affiche (il s’y voyait déjà) dans une série texane à la renommée interplanétaire s’il n’avait affiché une divergence de vue…Alors, il a commencé sa carrière au Collaboshow (avant de rejoindre le CollardShowbiz). Il a ensuite erré de pastis en pastiches pour finir par entonner un vibrant « C’est nous les gars de la Mariiiiine » marquant à jamais son inconscient et dont je rappelle ici un extrait fort à propos :
« Dans chaque petit port,
Plus d'une fille blonde,
Nous garde ses trésors.
Nous n'avons pas de pognon,
Mais comme compensation,
A toutes nous donnons,
Un p'tit morceau d'not' pompom
C'est nous les gars de la Marine,
Quand on est dans les Cols Bleus,
On a jamais froid aux yeux »

Bref, des circonstances atténuantes, on pourrait en trouver.
Avec un peu d’imagination par exemple, on pourrait mettre son évincement du PAF sur le compte de l’hyperactivité des radios et télés qui, orphelines de Coluche, avaient fini par tarir la source d’une inspiration peu profonde.

Enfin, une dernière tentative de justification : il vit sur le lieu de passage des gars de la Marine qui…« n’ont pas de pognon,
Mais comme compensation,
organisent pour l’occasion,
Une université d’été sans Fillon ».
Après tout, il est peut-être juste sorti de chez lui faire une malheureuse balade (celle des gens heureux est en Normandie), la gueule enfarinée et l’occasion a fait le larron. Qui peut garantir qu’il serait sorti du bois si les gars de la Marine avaient organisé leur sauterie en Lorraine ? Qui peut garantir qu’on n’aurait pas vu un lorrain en reconquête, style Didier Gustin ?
C’est un homme en reconquête…prêt à sauter sur l’occasion que la phonétique de ce mot lui donne, osant par exemple qu’une reconquête est l’action d’être con à nouveau en faisant la quête, voire même un truc vasouillard autour de reconquéquette qu’il faut savoir mettre sur la table en temps de crise…

Bon allez, STOP. Finies les mièvreries. La circonstance aggravante de son passage à l’acte c’est Marseille. Marseille, capitale européenne de la culture 2013 que les faits divers et variés salissent. Comme si les violences et sectarismes se sentaient en danger, menacées par l’hégémonie culturelle de Marseille qu’il faut occulter. Comme si les violences et sectarismes ne voulaient pas de cette ouverture sur le monde, lui préférant la peur, la terreur, entraînant pour remède un protectionnisme en ligne avec les idées des gars de la Marine. Marseille, Marseille outragé, Marseille brisé, Marseille martyrisé. Antonin Artaud, Maurice Béjart, Fernandel, Edmond Rostand…excusez-les !
Les gars de la Marine ont un don qu’il faut bien reconnaître : ils savent racoler, recruter toutes les « aigritudes » en leur promettant réhabilitation (reste à savoir qui a le plus besoin de réhabilitation) : les anciens cocos qui n’y croient plus car le PC a été au pouvoir à des postes subalternes, les ex vedettes…tout ça est du business. Un business de vautours, un business de croquemorts. Avec le désespoir pour fonds de commerce. Avec l’espoir que tous les autres se plantent. Avec l’espoir de conquérir le pouvoir de cette façon. Sans idée du futur, sans vision du futur.

Impossible de finir ce post sur ça, « sans vision du futur ». Voici donc une vision du futur :
Pariscope Mai 2014. « Plonger sous Marine », au théâtre des Variétés, nouveau spectacle de JR. JR nous raconte, dans un style bien à lui, le jour où il a vu la culotte jaune de la présidente et pourquoi à la vue du yellow subMarine, il n’est plus un gars de la Marine. Un remake de l’arroseur arrosé arroseur».
Et pour une fois, je rirai peut-être, ou plutôt je ne rirai plus de lui.

L'école laïque : le hic

C’est une recette politique vieille comme le monde. D’ailleurs toutes les recettes sont vieilles comme le monde, obéissant comme la mode à des cycles. La difficulté principale reste de les inscrire dans le temps, dans leur temps, de les concocter suivant le bon tempo, les appétits, de les enfouir pour mieux les ressortir selon le contexte ; plaçant les Hommes de Pouvoir devant leurs contradictions si on confond conviction et solution ; un Homme de Pouvoir a plus de solutions que de convictions.


Ce serait donc en apposant de nouveaux mots sur un message ancestral qu’on espère refonder l’Ecole laïque. A d’autres ! Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, l’Ecole de Jules Ferry est utilisée à dessein, à des fins.

Certes, cette charte a le mérite de rappeler des fondamentaux de la vie en groupe tels que l’enfer c’est les autres, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres…Certains élèves découvriront à coup sûr que « laïque » ne qualifie pas (ou plus) fourre-tout, foutoir où toutes les religions peuvent s’exprimer librement, sans contrainte ni cristallisation. D’autres hurleront au blasphème, continueront de revendiquer un droit à la pudeur en dissimulant toutes les traces de féminité, continueront de revendiquer un droit à exhiber leur pudeur.

Certes, le texte est calibré pour son public. De tous bords on loue sa sobriété, on vante son absence de caractère moralisateur ou professoral…mais n’est-ce pas là un premier affront fait à l’Ecole d’admettre qu’un message taillé pour les élèves ne doit pas être professoral pour passer efficacement ?

Non, ce n’est pas de refondation de l’Ecole laïque dont il est question. Ou plutôt, ce n’est pas seulement de cela. Sinon, la charte ne focaliserait pas sur les règles de vie entre élèves, parents et professeurs et n’occulterait pas le rôle et les besoins d’évolution de l’Institution Ecole. Il s’agit d’une manœuvre. L’Ecole de Jules Ferry est manipulée à des fins utiles. Cette charte est une première bataille officieuse contre les communautarismes et les directeurs Marketing de l’Etat ont tranché (forts de l’échec du Ministère de l’Identité Nationale) : la cible de cette première campagne est l’Ecole.

Certains le disent, d’autres le font. Certains s’agitent, d’autres agissent. Plus de charters pour les uns, plus de chartes pour les autres. Le discours ou la méthode pour certains, le discours de la méthode pour d’autres, plus philosophes. Le gouvernement actuel tente une nouvelle voie : nous éduquer sans que cela soit ostensible, à l’insu de notre plein gré. Puisque nous n’en sommes pas réellement conscients, nous ne pouvons pas être reconnaissants, ingrats que nous sommes. Espérons juste qu’il en soit de même pour le train des réformes, qui peut-être circulerait sans que nous le voyions passer !

Le sujet est donc la lutte contre les communautarismes. Si on creuse un peu, on devine aisément quelle communauté est particulièrement visée sans oser lever le voile ouvertement (bien sûr il ne s’agit pas de la communauté européenne), « communautarismes » permet de l’englober sans la nommer, sans attiser la susceptibilité haineuse d’une minorité active de ses partisans, sans attiser les prises de positions caricaturales manichéennes tantôt xénophobes tantôt bolcheviks. Continuons d’entretenir le tabou, de cultiver le flou ; « communautarismes », donc. Alors, si cette charte n’est qu’une première bataille contre les communautarismes, quel est le plan, quelles seront les prochaines étapes ?

La jeunesse ayant été ciblée en priorité, il faut désormais s’atteler à la sensibilisation des vieux, ceux qui ne sont plus scolarisés. A moins qu’ils ne soient considérés comme d’irréductibles nuisibles dont il faut attendre la disparition, pour lesquels il est trop tard ? Et si le pari audacieux était finalement de miser sur l’éducation des parents par leurs enfants ?

L’Etat pourrait aussi profiter de l’Ecole et de la crise pour rappeler qu’il subventionne la restauration scolaire et démontrer que la restauration sur mesure selon les croyances religieuses a un coût et proposer désormais un menu unique. Menu unique, menu laïque ? Un Homme de Pouvoir qui s’est mis à la retraite de façon irrévocable n’a-t-il pas dit d’ailleurs un jour « Une carte de restaurant, on l’aime ou on le quitte » ?

Et si on profitait aussi de l’Ecole pour rédiger une charte de bienséance? Qui rappellerait qu’un élève doit débrancher son téléphone mobile en cours comme s’il était au cinéma ou à un spectacle dont il ne pourra jamais se faire rembourser même s’il l’estime de piètre qualité, pour la simple et bonne raison qu’il ne lui coûte rien. Qui rappellerait qu’il est bon ton de ne pas se prendre pour un paparazzi junior, de ne pas prendre des photos avec son téléphone du postérieur de son professeur pour en faire un book sur fesses de boucs…ou une tête de turc…selon les communautarismes en vigueur. Une telle charte paraît plus compliquée a priori…car il faudrait se coltiner les opérateurs de téléphonie dont c’est le fond de commerce…

Il vaut mieux être le chihuahua d’Obama que le caniche de Bush

Il faut le reconnaître, la désertion française à la pendaison de Saddam, Bush-rit déguisée, a plombé l’Alliance Atlantique. Pour deux raisons. Sur le coup d’abord, notre désolidarisation nous isola de nos alliés, entraîna le boycott de produits français, les unes des journaux outre atlantique ravivèrent les photos des cimetières américains en Normandie pour souligner notre ingratitude voire la haute trahison dont nous fûmes coupables. Et aujourd’hui, car on sait que la démonstration de présence des armes de destruction massive en chIrak fut une supercherie, une gigantesque manipulation, une saddamisation des consciences collectives ; accablant l’Amérique et redorant le blason d’une France aux moyens limités certes, mais de nouveau visionnaire et résistante.

Sarko élu, il fit de la réconciliation une priorité, et sur ce point particulier, l’objectif était louable. Alors la France dégomma aussi son tyran, après lui avoir pourtant fait les yeux doux d’où (non il n’est pas question de Carlos, lui fut capturé en 1994 alors qu’il se réfugiait d’Oasis en Oasis) les suspicions de lien de cause à effet, mais l’épisode lybien releva davantage d’une pierre deux coups (pour la contrepèterie et sans contrepartie) d’un exercice de style personnel et goguenard que d’une action globale, unifiée, concertée, et donc rassembleuse.
Forcément, ça ne rassura pas les Etats-Unis : avant Bush ils avaient un allié, avec Sarko ils avaient un challenger ; avant Bush ils avaient misé sur un cheval, avec Sarko ils voyaient la France faire cavalier seul. Les anglais quant à eux, dont le représentant était affublé du titre honorifique de caniche de Bush (peut-être en hommage à ses frisures qui pourtant n’apparaissaient pas quand ses cheveux étaient courts, en temps de guerre), mangèrent leur chapeau ; il faut reconnaître aussi que les britanniques ont des habitudes culinaires pas très orthodoxes…
Forcément, ce passé récent met une pression insoutenable de chaque côté de l’Atlantique et de la Manche mais là c’est d’une autre paire de manches qu’il s’agit.

Faut-il intervenir militairement en Syrie, avec ou sans l’ONU ?
Oui, car le soutien indéfectible de la Chine et de la Russie ne peut plus être porté ONU.
Oui, car le contexte n’est pas du tout le même qu’en chIrak. L’chIrak était plutôt apaisé quand la Syrie est en feu. En chIrak recoulait presque un long fleuve tranquille qui avait fini par laver les marées rouges sanguinaires quand il y a de l’eau dans le gaz et du gaz dans l’air en Syrie.
Oui, car tous les dictateurs nous observent, confortés par l’immobilisme.
Oui, car il est déjà presque trop tard. On ne peut pas non plus rien faire dans tous les domaines et espérer que le temps résolve tout.
Oui pour toutes ces vies qu’il reste à sauver.

Alors, pourquoi l’Angleterre tergiverse-t-elle ? Est-ce le traumatisme chIrakien qui justifie cette volte-face ? La peur de se battre comme des chiens ? Pourtant il vaut mieux être le chihuahua d’Obama que le caniche de Bush. L'aboiement strident du chihuahua fait fuir les chats. Et quand les shahs ne sont pas là...la Syrie danse.

Non mais, à l'eau quoi !

Les championnats du monde de natation à Barcelone révèlent une nouvelle tendance dans le milieu du sport professionnel : le sportif individuel s’éclate en équipe au moment où le sportif collectif est obnubilé par sa réussite personnelle.

Chassés croisés dans le monde du pouls où le cœur s’entraîne à s’emballer tout en restant froid, où les commentaires sont réchauffés dans des plats en forme de culs-de-poule en plastique pour tenter de masquer leur platitude, ou en inox quand il s’agit de briller, de faire de l’intox.

C’est l’auberge espagnole. Les relayeurs 4x100m ont décroché l’or, une nouvelle fois après les JO de Londres, alors que seulement un d’entre eux a pu se qualifier pour la finale individuelle ; où il n’a fini que 7ème. Pour l’or, nos champions réunis ont fait preuve de transcendance, d’abandon total de soi, de dépassement voire d’abnégation, d’amour même si on observe la relation nouée par les nageurs pourtant en concurrence le reste du temps. Sur le bord de la pool (car non mouillée), une poule nous en a offert sa chair.

La poule aux œufs d’or, Elle, pond ailleurs ou plutôt on la ferre ailleurs. Surprotégée, couvée par les acteurs de la nébuleuse, ces extraterrestres de la planète foot qui brassent des sommes astronomiques. Le mercato bat son plein, ce machin indécent où transitent des millions, sorte de PSGthon où excelle Blanc (rien à voir avec le thon blanc qui est excellent), sorte d’abrutithon où des gamins boudent pour gagner plus, inconscients, sans mesurer leur indécence. La bourse aux joueurs ne connaît pas la crise, son indice s’envole selon la cote du joueur, son look, son langage corporel, son âge, camouflant parfois son âge réel, dans un marché où les puissants ont perdu la raison. A ce train, l’homme qui valait 3 milliards ne sera bientôt plus qu’une série américaine démodée. Qu’apportent-ils à l’humanité, ces pantins qui finiront comme les autres au cimetière de Pantin ? Ils savent taper dans un ballon, taper du poing sur la table, taper dans les économies de leur employeur…et des supporters puisqu’on constate des répercussions sur le prix des entrées au stade. Bref, des professionnels du tapage quand ils ne sont pas adeptes du tapinage. Sommes-nous à ce point en mal d’idéaux pour vénérer (sans verlan) ces mômes ? Sommes-nous à ce point sans but pour nous extasier devant les leurs ?

En cas de résistance extrême, quand leurs caprices ne sont pas suivis d’effets, il leur arrive de menacer de tout plaquer pour avoir encore plus et souvent ils obtiennent gain de cause. Et si nous menacions de boycotter les stades et retransmissions télévisées ? Que se passerait-il si nous passions à l’acte ? Les sponsors fuiraient, l’argent se raréfierait, les joueurs redescendraient sur Terre…et le spectacle serait toujours de qualité. Car il l’a toujours été, de tous temps. Et nos champions U19 et U20 auraient l’opportunité de grandir dans un environnement assaini, au contact de la vraie valeur des choses. Dans un remake de Ciao pantins !

Au fait, j’oubliais. Il manque 15000 euros pour que les SDF français participent à la coupe du monde de football des sans abris en Pologne. Ils s’entraînent durement chaque jour, sous une chaleur étouffante dans l’espoir de défendre leurs chances dans cette compétition. Cet espoir, c’est ce qu’il leur reste, ils n’ont plus rien d’autre. Cet objectif, c’est un moyen de se projeter à nouveau, d’envisager l’avenir et, qui sait, de se reconstruire.

J’oubliais aussi : il manque 2 millions pour la survie de l’UMP, mais là l’issue ne fait aucun doute.

Ce qui se passe dans les piscines de Barcelone est rafraîchissant, pas seulement parce qu’il fait chaud. Là-bas, la liesse compense l’absence de liasses.

La France n’aurait plus de shampiongs ? Non mais, à l’eau quoi !

Tapie rouge

On peut être rouge de honte tout comme on peut en être fier.
Ecarlate de colère tout en faisant du milieu des affaires son affaire.
 
Nous étions fascinés : il avait réussi et étalait sa gloire sous nos yeux ébahis. Il vulgarisait ses succès, dévoilait ses recettes tel un chef cuistot étoilé, cueillait sa bonne étoile : détermination, énergie, communication, omniprésence, sport à outrance (adepte du grand écart par exemple entre les finances et le pouvoir socialiste de l’époque). Pour nous, tout était si simple alors que tout était simpliste.

Il était l’Homme de la situation. Celui qui allait nous redresser, amortir les conséquences des chocs pétroliers, assurer notre pérennité ; il gagna même le Tour de France sans dopage et la coupe d’Europe de football. Promis aux cimes de l’état, il n’avait pas le triomphe modeste et ça le fragilisa dans cette jungle aux égos sans égaux : il ne vit pas le coup venir, le coup du lapin en 93, Duracell dure pourtant longtemps. Comme un symbole, Wonder-man s’écroula sans pile au moment où ses ennuis s'empilent et où Wonderwoman revint coloniser le paysage télévisuel.

On comprend mieux aujourd’hui son parcours politique atypique trisyllabique sans logique avec hics, chronologiquement poétique :

“Socialo
Radical
Pro-Sarko
Anti-Royal”

Qu’est-ce qui fait marcher Tapie ? Il vit de ses droits d’auteur. Pour quelle œuvre ? Son ensemble, vraisemblablement car il serait immoral d’imaginer qu’il ait eu les moyens d’exercer une quelconque pression sur le chef de l’état…il en serait mort alité.

En réalité et tout simplement, ses droits d’auteur ne sont qu’une juste rétribution de l’inspiration suscitée chez deux sérieux challengers de sa génération : Sarko lui emprunta avec succès le créneau du volontarisme besogneux empreint d’une modestie de façade qui sonnait faux, DSK celui du lapin. On connaît la suite de l’histoire, des histoires.

Grillé en politique, l’Homme se reconstruit. Il ne lui reste maintenant plus beaucoup d’espace, plus beaucoup de terre inexplorée. Et s’il devenait communiste, comme ces dirigeants au placard qui se syndiquent sur le tard pour s’éviter le licenciement ?

Même si « Nanard coco » ressemble aujourd’hui plus au slogan d’un bègue qui parle en verlan, il semblerait qu’il souhaite rendre ce qu’il n’a plus si jamais on découvrait la moindre entourloupe lors de la médiation de 2008. Aurait-il été piégé à l’insu de son plein gré, ce qui ne serait pas si surprenant pour un ex vainqueur du Tour de France ? Son avocat et les juges auraient-ils manœuvré pour qu’il reçoive 400 millions, malgré lui ?

Il aurait voulu être un artiste ; on n’est pas artiste, on naît artiste.