Si le hasard t'emmène jusqu'ici, ne fuis point
Surfe et erre sans fin sur le blog du baladin
Smurfe dégingande-toi au sein du bal à daims
Avec imagination, Sans invitation
Ta religion est l'insubordination ?
Alors gausse-toi ici nul n'est bouffon
ni branque ni saltimbanque honnie soit sale ta banque
Juste des pions décidés à enfin décider
dans un bal laid où déambulent des daims
Manifestant leur insoumission avec dédain
LeonnicAsurgi@yahoo.fr


Dernier rappel avant mise en demeure : Ci-joint le premier tiers de l’Appel des 18 joints.

Veuillez trouver six joints :

1) Le joint d’étanchéité. Idéal pour isoler les errances des émotions. A appliquer entre deux matières, grasses grises ou autres tant qu’il y a matière à. Séchage immédiat. Et hop, vos fuites sont derrière vous. Ce joint fait barrage à toutes les eaux, claires ou croupies, pluie, pleur, bouquet de nerfs, il agit en profondeur, la moindre goutte d’eau s’emplafonne dessus, rampe, glisse jusqu’à son évaporation, jusqu’à son absorption par des forces supérieures agonisantes « agnostisantes ». Car c’est bien d’une goutte d’eau dans un océan de dettes dont il s’agit quand on évoque Leonarda, comme si on se préoccupait davantage d’évacuer l’océan à coups de bassines qu’à colmater la brèche à sa source, comme si on préférait la démonstration par l’exemple à l’efficacité, comme si blasés on s’efforçait de redorer un blason taxé d’avoir été trop laxiste, on taxe même les blasons, comme si on bouchait la sortie d’un tunnel plutôt que son entrée. Certes, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais ce n’est pas vraiment le sujet, on cite Rocard pour déculpabiliser, on se dédouane en fantasmant sur le retour de la douane, on joue aux durs avec le consentement des tout mous, on occulte le fond au prétexte que le PS est aux manettes, rassurés par l’image hypersociale du parti, apaisés, endormis par ce père tranquille héros d’un autre temps, perdus dans des jungles anachroniques, persuadés qu’aucun cataclysme antisocial ne point au final sous son mandat, point final, convaincus que nous n’encourons « que » la faillite économique, perclus de certitudes rabâchées parmi lesquelles l’antinomie des adjectifs social et économique. Et pendant ce temps-là, on nous divertit, on fait diversion, à l’aide de faits divers et variés, à l’aide.
On fait diversion, la question n’est pas d’accueillir ou pas de nouvelles familles, il est question de les expulser après avoir été permissifs. Cette nuance reste imperceptible à l’œil nu, à l’œil torve, deux poids une mesure.
On nous divertit. A cran, notre président a fait preuve de cran dans un tel capharnaüm. Piégé comme un bleu par ses opposants, les bleus, qui le sommaient d’intercéder, ravis de le voir embarrassé, obsédés par ses synthèses dont il a l’esprit, fervents adeptes d’antithèses, focalisés sur leur reconquête du pouvoir, frustrés de manquer de lumière mais jouisseurs du confort de l’ombre qui leur autorise tractations et contradictions comme celle qui a vu leur représentant dignement élu tenir deux positions radicalement opposées en 48h sur la réforme du droit du sol, sans aucun scrupule, contradictions perceptibles à l’œil nu, imperceptibles à l’œil torve, un poids deux mesures.
Notre président aurait dû esquiver. Esquiver pour s’affirmer, pour affirmer que lui seul dicte le tempo de ses prises de parole. Esquiver surtout car il n’y avait pas de solution satisfaisante, il est des situations où la synthèse est indécrottable, « indécrétable », c’est le jugement de Salomon. Régulariser toute la famille de Leonarda aurait été une aubaine pour le FN, surtout depuis qu’on connaît la tortuosité du pater familias, expulser Leonarda aurait noyé tous ceux qui n’ont pas appliqué le joint d’étanchéité, choqués par la manière avec laquelle on l’a « débusquée ». Lui président piégé comme un bleu car il s’est aventuré sur ce terrain miné, condamné à la défaite, avec son libre arbitre et ceux qui sont sur la touche, il nous aurait davantage divertis s’il s’était aventuré sur un autre terrain, s’il avait révélé ses hématomes crochus avec les bleus, les autres, annonçant par exemple qu’il y a des joueurs de foot qu’on ne veut plus voir représenter la France, avec ou sans leurs parents. Quand il n’y a pas de solution, esquiver n’est pas fuir.
Alors, sans le joint d’étanchéité, on se console comme on peut en ressassant que Leonarda n’est pas kosovare mais italienne, ce qui forcément change tout car la faute est trouvée. On lui imagine un destin, on lui prête des intentions, si elle était originaire de Capri elle pourrait s’offrir la carrière hollywoodienne de son illustre homonyme masculin à la vue de ses premières improvisations et envolées lyriques. On oublie que c’est une gosse qui paie pour les erreurs de ses parents. Puis on zappe. Le joint d’étanchéité et hop, c’est bientôt Noël, le retour de Leonidas, ne boudons pas ce plaisir, un coup d’Hervé Vilard et hop, Leonarda di Capri, c’est fini.

2) Le joint-colle octroie à tous le droit de devenir le con de l’autre, joint par le lien du mariage. C’est un joint qui solidarise deux corps étrangers, sous réserve que ces corps étrangers soient made in France et qu’ils ne défient pas trop ostensiblement les lois conservatrices du magnétisme selon lesquelles les polarités identiques se repoussent. Ne convient donc pas aux bipolaires. Ne convient pas non plus aux corps de peaux lisses qui pourtant ne manquent pas de rugosité. Ne convient pas non plus aux corps de chasse qui, hostiles et bruyants, obnubilés par la chasse à la gazelle, abusent de leurs vulgaires appeaux, lichent innés, hèlent. Ne convient pas non plus quand la surface du corps proposée pour l’adhésion est trop faible, dans ce cas il faut adopter un contournement (alliages, pax Ikea, emboîtements…). Bien lire toutes les exclusions et précautions d’usage avant application. Attention à bien consulter les caractéristiques d’usure de chaque joint, comme le joint de culasse.

3) Le joint de dilatation porte bien son nom, il dilate les horaires d’ouverture des magasins de bricolage, qui d’ailleurs en vendent. La boucle est bouclée. Enfin non. C’est absolument incompréhensible. Les salariés de ces enseignes veulent travailler le dimanche, les bricoleurs veulent acheter le dimanche, les patrons de ces enseignes veulent ouvrir le dimanche, les grandes amplitudes horaires favorisent les créations d’emploi (avec pour corollaire la suppression des emplois du dimanche si une enseigne devait fermer après avoir ouvert ses portes en ce jour sacré) et promeuvent la flexisécurité qu’on nous sert à toutes les sauces, Curry, Tandoori... Et pourtant le tribunal de commerce de Bobigny interdit la commercialisation du joint de dilatation. On veut maintenir le dimanche chômé pour tous, les endimanchés chercheraient-ils à rendre tous les jours chômés en France ? On veut interdire le business en ce jour sacrosaint, les endimanchés occulteraient-ils l’enrichissement des églises ce jour-là ? La production de l’effet inverse de celui escompté traduit un impact certain, c’est toujours ça.

4) Le joint Venture associe deux entreprises afin qu’elles puissent mutualiser leurs compétences autour d’un projet commun et maigrir, dégraisser leurs structures et leurs emplois administratifs, comme deux obèses ambitionneraient de perdre du poids en partageant leurs couverts. Fusions, acquisitions, associations, scissions, actions, bonifications, congratulations, décorations, stock-options, privatisations, amputations, ambitions. Tous des pions au service de ces opérations, de leur prolifération. Jusqu’à la monopolisation du pouvoir, sa confiscation. Il n’y aura qu’un vainqueur. L’univers économique se densifie après le Big Bang qui a vu l’émergence des start-ups et PME en 2000, aussi créatives qu’éphémères, mortes de fiertés ou gobées par ces grosses fainéantes, ces limaces bienheureuses, ces vautours rassasiés, hyper prédateurs d’une chaîne alimentaire économique où on ne mange pas n’importe quoi. 5 Start-ups et PME par jour. Je bouffe donc je suis. Obèse. Toute l’économie croule sous le régime de l’Obèse. Court-termiste. Cours, termite ! Pour maigrir, le pouvoir Obèse délocalise, on touche des bonus pour ça, on met sa descendance à l’abri financièrement avec ça, on crée le chômage des générations futures avec ça, on rend l’argent et le travail antinomiques.
Je traverse le temps / Je suis une référence / Je suis omniprésent / Je deviens omniscient / J´ai envahi le monde / Que je ne connais pas / Peu importe j´en parle / Peu importe je sais / J´ai les hommes à mes pieds / Huit milliards potentiels / De crétins asservis / A part certains de mes amis / Du même monde que moi / Vous n´imaginez pas / Ce qu´ils sont gais.

5) Le « join us » ouvre d’un clic les portes d’un gigantesque réseau social, d’une famille élargie, recomposée, développe les ramifications d’une amitié virtuelle qui ne demandent qu’à se multiplier, offre à sa communauté une kyrielle de détails croustillants auxquels on s’abonne et dont l’absence nous place en état de manque anxiogène, nous addicte sa loi, loi du plus fort, loi dont on anticipe déjà les prochains projets, projets aux idées intarissables, qui ne satisfont pas notre satiété, qui ne satisfont pas notre société, loi qui pour se donner du sens se tournera un jour vers l’odorat. On pourrait imaginer le déploiement mondial de capteurs/diffuseurs olfactifs qui propageraient à son interlocuteur l’odeur que l’on respire (par le biais d’une codification de l’odeur sur 64 bits et d’une transmission via IP), ou recevoir l’air iodé d’un ami virtuel en vacances au bord de la mer. On pourrait accompagner les smileys d’arômes apaisants prédéfinis…ou au contraire balancer des insultes escortées de relents putrides. On pourrait partager son odeur de transpiration après avoir tapé « je reviens d’un footing ». Un Homme de pouvoir pourrait gazer un peuple d’armes chimiques via Internet, gazage que seules des analyses de trames IP pourraient déceler, ce qui ne changerait rien au final, car les pays ne seraient plus que des communautés d’ordinateurs aux frontières et responsabilités floutées. Houellebecq voyait juste, cette île est possible, ce n’est pas l’île de l’inCantation. Pour prendre tout son sens, il ne manquerait alors à la communication virtuelle que le toucher, pour lui permettre de toucher le fond.

6) Et enfin, celui auquel on pense tous en premier lieu. Celui dont on évoque à demi-mots la dépénalisation, dépénalisation qui dézinguerait ces petits rois de pacotille au risque de voir la pacotille s’approcher trop près de nos enfants. Je n’ai qu’une question à ce sujet. D’un côté une substance prohibée mais déjà répandue sur la place publique, nos enfants qu’on pense protéger en cultivant cet interdit comme d’autres cultivent d’autres choses, de l’autre ses revendeurs qui déambulent à bord de BMW rutilantes au train de vie faisant fantasmer la jeunesse désintégrée ; alors où doit-on positionner la ligne de démarcation ?
Si ce blog était ce joint, il vous serait proposé de le faire tourner, de clic en clic, à coups de « +1 », « J’aime », avec la garantie de n’enfumer personne sauf celles et ceux qui ne mangeraient pas de ce pain-là et qui recevraient un jour ou l’autre un deuxième tiers plus salé.

Slam électronique

On s’est gaufrés comme leurs cheveux dissimulés
Méprise ! Elles méprisent et elles snobent et elles toisent
Arborent leur différence et leur identité
En défiant du regard presqu’en cherchant les noises

On s’est plantés comme des choux gras à la mode
Les sommant de s’émanciper de mettre les voiles
Tant avant elles sont mortes en rêvant de l’exode
D’où notre incitation à lever le voile

On s’était leurrés comme on les avait leurrées
Avant l’heure l’uniforme en recrudescence
Qu’elles exhibent avec pudeur pour mieux dévoiler
Un pacte d’équité non immolé par essence

On les voulait nues, non dénuées de bon sens
On les voulait libres, volages et insoumises
Elles se protègent, elles nous protègent de nos sens
Prisonniers des fantasmes…que le mystère attise…

Nul n’a le monopole de l’interprétation de cet e-slam
Qui dans l’excès profite aux ignorants à l’arrière des taxis
Sinon par les idées nul ne domptera ce retour de Flam
Capitaine qui vient jusqu’ici sans être de notre galaxie

Ne jalouserions-nous pas leur foi ?
Dépités, nos rêves se sont fait la malle
Adhésions conversions nous fourvoient
Alimentent nos conclusions à deux balles

Autour des oliviers palpitent les origines
Avant nous tout a été pillé, rêves, idéaux, Cash
Reste l’intégrisme que le Boson de Higgs torpille mine
Si le temps le permet, après le Big Bang le Big Crunch

Dans ce contexte propice c’est l’affreuse qui monte
A visage découvert, blonde elle nous inonde
De clichés et idées simplistes et immondes
Sous couvert de tous ces voiles sur la Joconde

On peut être laïque et agnostique
Comprendre l’Islam, bien relire cet e-slam
Et devant des excès ne pas rester stoïque
Sans toucher le fond qui précède sa lame

On les avait prévenues « faut mettre les voiles »
Et comme une lettre qu’elles ont prise à son pied
Le « s » le pluriel ont disparu de la toile
Et le pluralisme les a abandonnées

Certaines osent, d’autres n’osent pas
Certaines choisissent, d’autres pas
Celles qui choisissent à grands pas
Condamnent celles qui n’osent pas

On peut récuser les polygames
Défendre l’Islam et ce Grand Corps
Malade qu’on accable à tort
Sans qu’il n’y ait d’amalgames

On peut être critique, laïque et agnostique
Comprendre les musulmans, comprendre l’Islam
Aimer la viande les légumes et bouffer chez Quick
Aimer le sucre et bouffer de l’aspartame

D’un côté, voilée c’est toujours mieux que rien
Personne ne peut s’enticher d’un drap
Voilée pour ne plus trahir les siens
Sauf à finir entre deux beaux draps

Cet e-slam est un défi rieur
Lancé pour qu’elles se dévoilent
Dévoilent leur beauté intérieure
Croient à poils en leur belle étoile

On s’est gaufrés comme leurs cheveux dissimulés
C’est peut-être ça la beauté intérieure
Les grandes dames camouflent leurs traits les plus laids
Au grand dam du ministère de l’Intérieur

A trop vouloir forcer la nature, de botox
Le voile censure les ravages du temps
Plutôt que chirurgie, maquillage et intox
Le voile camoufle formes et visages déplaisants

On les pensait toutes asservies, avilies
Beaucoup font pourtant ce choix arbitraire
Qui laisse deviner des dessous avachis
Il ne leur reste qu’à prouver le contraire

La ligne de démarcation

D’un côté, on élit Scarlett Johansson femme la plus sexy du monde, on vote par SMS pour d’illustres inconnus qui se trémoussent sur des plateaux télé, on démocratise le vulgaire, on le vulgarise, on twitte sur les seins de Rihanna, on parie sur des résultats sportifs, on est addict au bling bling, à ce qui brille, aux paillettes, au paraître, on fait mousser, on vernit tout ce qui s’effrite jusqu’au bout des ongles, on regarde la lumière et on s’y voit, on s’élève en bassesses, on lève son verre à n’en plus finir, on porte des toasts…mais des toasts à qui ?, on se starifie en s’exhibant sur les réseaux sociaux, on se met en scène.

De l’autre, la lumière non artificielle. On met en scène les autres et pour les autres, avec l’obsession d’aller au bout des choses, sans rechercher absolument la lumière mais en l’hébergeant à chacune de ses incursions, à chaque pièce, à chaque film, avant de la voir s’enfuir immédiatement dès le rideau tombé, lumière pressée, lumière ingrate mais méritoire car naturelle, lumière souvent posthume, trop tardive, lumière rappelant aux spectateurs consuméristes ce qu’ils ont tant aimé avant de vaquer à d’autres « occupations », lumière nécrologique saluant les carrières exceptionnelles à l’instar de celle antistar de Patrice Chéreau, qui préférait le train à l’Eurostar, dont l’œuvre globale, totale, est saluée par ses acteurs qu’il aimait tant, ses acteurs qui l’aimaient tant. Et puis l’ombre. On fait de la recherche fondamentale pour que dalle, on s’évertue à trouver des remade in France contre l’Alzheimer, des parades au Sida et au cancer pour des clopinettes dont on veut réduire la consommation, on méconnait les justes, les fourmis de l’humanité qui n’ont pas le temps d’aller à la Cigale, on ambitionne d’aller vivre sur la Lune, de dépolluer la Terre, on invente, on crée, on se donne corps et âme pour le Nobel jusqu’à la conversion, on soigne, on imagine, on s’enthousiasme, on s’exaspère on désespère, on crève la dalle, on se rince la dalle pour qu’eux dallent.

D’un côté, on deale, adeptes du Big Deal, ignorant tout du New Deal, on dealapide en dealettante, on espère gagner au Loto, on aspire à devenir professionnel de football, on oublie que les agents n’y manquent pas d’r.., on table sur un beau mariage, on table sur la multiplication, on espère ferrer la perle rare comme on pêche un poisson à qui on éclate la gueule, on implore la chance, la réussite, des dieux, on peut s’engager pour une cause facile tant qu’elle ne requiert pas trop de temps, tant que ça reste un loisir, tant que ça n’empiète pas trop sur son temps, on aide par intérêt, on attend un retour, sur investissement, qui ne vient jamais, car le retour vient après l’aller devenu pis-aller, on n’investit plus, à charge de revanche, on brigue la richesse immédiate et ses signes extérieurs, les marques, la marque au crocodeal, on consacre toute son énergie à dénicher un terrain fertile en argent facile comme les texans achetaient à l’aveugle des terres qu’ils retournaient dans l’espoir d’en voir jaillir du pétrole, terre à terre, on sert sa cause en premier lieu, on soigne sa com’ mais on parle ça comm’.

De l’autre, on fait des rêves qu’on ne réalisera jamais, on fantasme, on vibre. On s’évade pour ne plus être où on est, on idéalise, on a des utopies, des phobies destructrices. On avance puis on recule. On demande de l’aide, la seule aide disponible est l’aide en ligne, même l’épicier ne l’est plus, racheté par Carrefour en 2012. On donne sa vie pour une cause, souvent perdue. On brigue la richesse, spirituelle, sans abuser de spiritueux ou alors c’est une soumission. On s’engage, on engage une course contre la montre, plus le temps passe, plus on redoute de décevoir l’enfant qu’on était, plus on achète à la Redoute, plus le champ des possibles se referme.

D’un côté, des millions brassés, une justice sur laquelle on peut faire pression politiquement, médiatiquement, on gruge en puissance, des dés pipés sans jamais casser sa pipe, en toute impunité, en toute immunité, l’argent public se volatilise on ne sait où, c’est incontrôlable on nous dit. 10000 licenciés par-ci, 10000 par là. C’est la loi du nombre, une interprétation de la démocratie, une manipulation sordide.

De l’autre, des redressements, des pénalités, des fichages Banque de France pour des impayés dérisoires dont l’action de fichage coûte souvent plus cher que le montant de l’impayé, le fameux syndrome de la redevance télé (alors qu’on devrait nous payer pour la regarder), on survit d’allocations et d’aides de l’Etat en étant pointés du doigt par ceux qui détournent l’argent public, on culpabilise, on vit des fins de mois oppressantes, on se demande comment font les autres. On paie tout et n’importe quoi, on se paie notre tête, bientôt on paiera l’air qu’on respire, ça deviendra irrespirable.

D’un côté le fric et la frime en vacances.
De l’autre les frasques et Fram en vacances.
D’un côté, la frime mousse.
De l’autre, la frimousse.

D’un côté l’argent facile, la quête absolue de l’absence d’effort, le culte de la fainéantise, l’apologie de la paresse, la société du plaisir et du loisir à tout prix, il faut être heureux. La réussite d’une vie se mesure à ça, au confort qui nous habille. Cœur, chaumière, compte en banque. L’argent facile. L’argent trop facile. L’argent facile qu’on a rendu possible. L’argent facile qu’on démocratise. L’argent facile qui prospère. Youpla Boum. Un taux de chômage sans précédent mais des postes non pourvus car jugés trop besogneux. Un taux de réussite au bac sans précédent mais des jeunes dans l’incapacité de mettre en pratique leurs connaissances. Des jeunes démobilisés. Des jeunes hyper cultivés qui s’abêtissent. Des réseaux sociaux largement déployés mais un isolement sans précédent. Du temps qu’on ne supporte plus de perdre, on klaxonne, dans les files d’attente il faut occuper le temps, paralléliser, pianoter sur son mobile, envoyer à ses amis virtuels « Pfff ! Je fais la queue ! :-) :-( ».

De l’autre, une quête d’absolu, de sens à sa vie. L’immatérialisme comme valeur. Du temps qu’on ne supporte plus de perdre, dans les files d’attente, en voyant les autres passer devant, on klaxonne.

D’un côté, on s’inquiète de voir des condamnés en e-liberté, hors les murs des prisons, on s’inquiète aussi en théorisant sur la prison qui violente, embrigade, sectarise, islamise, on stigmatise ces usines à fabriquer des criminels, on ironise sur le fait que ce sont les seules usines françaises en expansion, on ne veut plus voir un condamné dehors, on condamne à perpétuité, qui vole un œuf vole un bœuf.

De l’autre, on s’inquiète de la surpopulation carcérale, on réalise que les conditions de détention proches de l’élevage de bétail transforme les condamnés en animaux à la différence près qu’ils ne finiront pas hallal sous couvert de la loi, on s’émeut de constater que la prison ne laisse pas indemne, c’est l’indemnité du condamné, on ne place pas au même niveau tous les délits, on discerne, le discernement c’est la valeur ajoutée de l’homme, ce qu’aucune machine ne pourra jamais remplacer, ni en 84 ni jamais. On discerne.

Et entre les deux camps, une ligne de démarcation virtuelle. Une ligne imaginaire, pas la ligne Maginot : on fait tous partie des deux camps. On peut passer d’un camp à l’autre sans risquer les balles, pas de no man’s land comme à Berlin. Ce n’est pas seulement le mur qui a chuté, ce sont aussi les idées. Depuis que les blocs communistes se sont effondrés, depuis qu’on sait comment les blocs communistes ont gouverné, les idéalismes ont morflé. Il reste la démocratie capitaliste ou la dictature. La résignation ou les idées faciles, manichéennes, blanches ou noires mais blanches avant tout, la montée de la haine qui ne fait plus honte à ses partisans. Pourtant on mérite bien mieux que ça. La crise actuelle est surtout une crise d’idéaux. On a autant besoin d’idéaux que d’argent. Il y a dix ans, on disait que c’était une fin de siècle, maintenant on dit que c’est une fin de cycle. On n’en sortira pas sans nouvelle idée. Pourtant personne n’imagine d’autres voies que les recettes du passé. La facilité est l’ennemie du bien.

L’équilibre est instable. On oscille : on ose puis on cille. Notre trajectoire est sinusoïdale, la tempête n’en finit plus de donner son avis, la mer est agitée, l’amplitude des hauts et des bas augmente, la ligne de flottaison intime gigue, l’écart se creuse puis se resserre avant de se débiner et de laisser la place à…l’étau. Toute notre énergie est alternative, faudrait un convertisseur alternatif/continue, y en a partout, c’est juste un hacheur pas cher, mais si c’est pas cher c’est produit hors de France, forcément, on sait plus s’ « il faut avoir les moyens », ou s’« il faut se donner les moyens » sans qu’ils ne « justifient la fin ». On ne sait plus s’« il faut donner un sens à sa vie » ou s’« il faut profiter de la vie ». On ne sait plus s’ « il faut assurer ses arrières » ou s’« il ne faut pas regarder derrière soi ». On dit qu’« il faut souffrir pour être beau » mais on a beau chercher, ceux qui ne souffrent pas sont plus beaux. On a le choix entre l’eau vive ou l’eau-de-vie, « c’est la vie » !

On dit que l’argent pourrit tout. Non. Trop facile. De tels raccourcis déresponsabilisent, infantilisent, rendent passif, spectateur de notre société. Ce n’est pas l’argent qui pourrit tout, c’est l’argent facile, c’est la facilité.

On franchit allègrement la ligne de démarcation dans un sens ou dans l’autre, les missions (conversion, espionnage, curiosité, contradiction, hésitation, bipolarité…) en territoire adverse sont légion, nous sommes définitivement et irrémédiablement complexes. Pourtant un jour ou l’autre, il faudra choisir son camp.

Choisir son camp car on ne peut plus se laisser gangréner par l’absence de perspective, par la haine, par les extrémismes, par les idées faciles qui ont engendré ce qu’on sait et qui laissent à penser que ses partisans sont soit incultes soit mal intentionnés, les deux restant possibles. On ne peut plus ne pas dormir sous prétexte qu’on n’a plus de rêve.

Choisir son camp car on n’a pas le droit de laisser les extrêmes sur les devants de la scène, ça a déjà été essayé en 1933 en Allemagne. Si on leur laisse le pouvoir, même juste pour voir, ils le confisqueront, on ne le reverra plus sauf au prix du sang et des larmes. On mérite mieux que ça. On ne mérite pas de faire partie d’une génération qui régresse à l’échelle de l’humanité, c’est-à-dire une génération qui n’aurait rien appris du passé.

Choisir son camp car on n’a pas le droit de laisser la scène à ces spectateurs qui veulent faire l’acteur en balançant des tomates, on sait quel navet ils préparent, c’est du réchauffé, on a vu à Marignane, Orange, Vitrolles. Censurer les bibliothèques et la programmation à l’échelle d’une ville est éloquent, démontre ce qui pourrait être fait à plus grande échelle. On préfère les voir jouer à la courte échelle et se ramasser.

Taxons l’argent facile et sa redistribution coulera de source.

Souviens-toi / Il est planté là / C’est tout l’or de nos vies / Ramène-le moi / Pour une seconde / Et pour essayer / Voir si la route est longue / Et si elle me plait.

Déterminons un critère de pénibilité, celui-là même dont il est question pour les retraites. Pondérons, discernons.

Indexons le taux d’imposition sur la pénibilité et la prise de risques. Sans stigmatiser les entrepreneurs, sans kolkhoïzer la réussite, autre leçon du passé. Il est juste qu’un entrepreneur qui prend des risques récolte les fruits de son audace. Il est juste qu’un homme qui prend la responsabilité d’en employer d’autres puisse s’enrichir. Il est juste qu’un homme soit rétribué en conséquence si sa vision stratégique et ses choix pérennisent de nombreux emplois.

Que penser en revanche d’un individu qui siégerait dans un ou plusieurs conseils d’administration, qui serait assis sur une mine d’or et qui continuerait de s’enrichir sans rien faire, sans rien partager ?
Que penser de tous ces foyers aux revenus élevés qui investissent dans l’immobilier et défiscalisent en masse avec la complicité de tous les gouvernements ? Sait-on que par ce biais leur Quotient Familial est au plus bas ? Sait-on qu’ils reçoivent toutes les subventions basées sur le Quotient Familial, qu’ils paient la cantine scolaire au prix le plus bas par exemple ?
La défiscalisation n’est-elle pas une incitation au surendettement ?

Tant qu’il y aura des hommes…et de l’argent facile, chacun cherchera à « en être », chacun s’estimera lésé, chacun s’efforcera de franchir la ligne jaune, la ligne de démarcation dont les gouvernements ne s’aventurent qu’à en modifier les règles du jeu, armés d’un tournevis de poche.

Redonnons à l’argent une odeur, celle de la sueur.

L'île de l'inCantation

L’île n’est heureusement pas déserte, j’en témoigne.
Peuplée de visages, de figures et d’écorchés vifs, l’île est perchée sur les océans du vide en zone cyclonique. Sa densité reste faible, il y reste de la place, beaucoup de place.
Bien que son nom puisse induire en erreur, on ne pratique pas l’incantation ni la tentation sur cette île, la fidélité n’y est pas mise à l’épreuve, seule la tentation d’y poser ses valises est éprouvée.
Octobre en attendant la sortie de l’album, divers clins d’œil et références se mêleront aux textes à venir, toujours discrets mais visibles en Italique.

Droit dans le soleil

La France est un Etat de Droit, ou plutôt un état de droits divers et variés : droit d’inventaire, droit de grève, droit de cuissage, droits de succession, droit dans les bottes…avant d’être tous en fin de droits, voici une invitation à regarder droit dans le soleil. Attention, les effets indésirables suivants ont été décelés, si vous en êtes victime, veuillez consulter votre médecin (et rendre l’âme à qui elle appartient) :
- Ames sensibles ou manichéennes s’abstenir
- Regarder droit dans le soleil brûle la rétine, peut troubler la vue jusqu’à l’éblouissement voire l’aveuglement
- Des manifestations de démence haineuse sont les effets indésirables les plus fréquents
- Emotions garanties

Peut-on donner une chance à l’Artiste en condamnant l’homme et sans faire preuve d’indécence ? Ce ne serait pas la première fois…
Oui si l’on considère qu’on peut se trémousser avec désinvolture sur Sex Machine de James Brown, reconnu coupable de violences conjugales à plusieurs reprises…Soyons désinvoltes…
Oui si l’on considère qu’on peut apprécier des films avec Schwarzenegger on occultant le nombre de morts par injection létale en Californie sous son mandat, mandat qui lui conférait le pouvoir d’annuler les exécutions.
Oui si l’on considère qu’on peut s’extasier par millions devant des footballeurs qui paient une mineure pour faire l’amour avec elle…et si l’on considère qu’un footballeur est un artiste…donc Non.
Oui si l’on considère qu’on peut encenser Joey Starr pour sa brillante prestation dans Polisse, pour sa reconversion cinématographique…qui rappelle les compositions de Cantat en 1989, Joey I et Joey II, (Album « Veuillez rendre l’âme à qui elle appartient»), coïncidence stupéfiante ou anachronisme ?
Oui si l’on considère qu’on peut décerner un César à Cyril Collard pour son autobiographie cinématographique dans laquelle, se sachant séropositif, il incite sa partenaire de sexe à ne pas porter de préservatif, l’amour étant plus fort que tout, plus fort que le Sida…Moralité il est mort alité…
Oui si l’on considère qu’on peut s’émouvoir sans retenue devant les œuvres de Picasso, en faisant fi des dégâts humains causés par l’homme, toutes proportions gardées car il n’a jamais tué personne de ses mains d’or.
Oui si l’on considère qu’on pourrait lire, éditer, publier, promouvoir, recommander un héros de l’amer, un écrivain qui jetterait de la poudre aux yeux…et dans le nez de jeunes filles sans vécu amoureux.
Oui si l’on considère qu’on peut vénérer Gainsbourg pour l’ensemble de son œuvre en omettant le sort qu’il souhaitait réserver à W.Houston, sa fronde à l’égard de C.Ringer qui auraient mis aujourd’hui dans la rue une armée mexicaine de Femen appelant au boycott de ses œuvres.
Toutes proportions gardées, là encore, la liste de réponses accréditant cette thèse pourrait s’étendre à l’infini…

Heureusement, encenser l’œuvre d’un Artiste ne rend pas solidaire de ses fautes et errements d’homme. Pourtant, on cherche à culpabiliser les fans de Noir Désir. Pourtant, aucun d’eux, aucun de nous, n’a nié ni minimisé la gravité des faits. Jamais.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Vilnius est un traumatisme pour les fans. Une trahison d’autant plus absolue que les engagements de l’Artiste la rendaient indécelable, une tromperie comme il y en a eu peu, une supercherie odieuse, une déflagration dont la magnitude fut encore plus forte que celle qui frappa les français quand ils découvrirent le vrai visage de DSK après lui avoir accordé leur confiance (toutes proportions gardées là encore car DSK n’a tué personne).

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Aucun de ses fans ne lui a accordé de circonstance atténuante. Soutenir n’est pas atténuer. Cantat lui-même ne s’est trouvé aucune circonstance atténuante : il n’a jamais fait appel, n’a jamais tenté de justifier son acte, n’a jamais essayé d’édulcorer la gravité de la situation, n’a jamais nié en bloc Lolita.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Il a « payé sa dette envers la société » comme on dit vulgairement. Cette phrase est ignoble et n’a plus aucune valeur. Parce que l’endettement est devenu notre modèle, plus personne ne rembourse ses dettes, plus personne ne peut rembourser ses dettes, pourquoi un condamné pourrait-il le faire ? C’est un contresens (il ne faudrait pas non plus donner de mauvaises idées aux politiciens qui, en divaguant à l’absurde, pourraient pousser au crime pour réduire l’endettement de la France, si seuls les condamnés peuvent payer leurs dettes). Mais bon, maintenant qu’il aurait payé sa dette envers la société, voilà que des polémiques nauséabondes l’impliquent dans le suicide de sa femme. Juste au moment de la sortie de son album, avec en filigrane pour enjeu la garde et le droit de visite de ses enfants. Hasard, coïncidences ou au contraire une récidive avérée ? Pas de réponse, juste des rumeurs, des faisceaux d’indice. Mais enfin, cela ne gêne personne de faire témoigner une morte ? Kristina qui, de son vivant, avait plaidé sous serment la cause d’un Cantat non violent, plaidé sous serment la cause d’une tragédie sans précédent. Kristina qui n’est plus là pour faire la lumière, plus là pour regarder droit dans le soleil. Kristina qui n’est plus là pour lever le voile sur cette situation dont la confusion alimente le fonds de commerce de ces nageurs en eaux troubles, de ces chiens comme disait Mitterrand, de ces experts en ventilation si l’on considère le vent que les mots dans leurs bouches produisent, si l’on considère aussi leur compétence à toujours savoir mettre un ventilo à pleine puissance dans des fosses septiques. Nul besoin d’être agoraphobe pour abhorrer ces mouvements de foule pestilentiels, ces torrents de boue et de haine putrides qui n’ont pas toujours été à la hauteur des événements qu’ils défendaient, et en général en-dessous de tout dès qu’il a fallu en groupe porter un message répressif ou vengeur.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais, mais il ne mérite pas le sort réservé aux récidivistes, personne ne mérite le sort réservé aux récidivistes tant que la récidive n’est pas avérée. La présomption d’innocence s’applique. Attendons que la lumière fût. Regardons droit dans le soleil.

Ceux qui crachent sur l’artiste Cantat aujourd’hui sont certainement animés d’un malaise sincère et se pensent engagés contre la violence faite aux femmes. Pourtant, un engagement, ce n’est pas ça.
Nul besoin d’être des millions pour enfoncer une porte ouverte, pour tirer sur une ambulance. Nul besoin d’un bazooka pour écraser une mouche ni de confiture pour les cochons. Nul besoin de s’engager pour mener un combat gagné d’avance. Ils sont si nombreux à tirer sur le pianiste que cela n’apporte plus rien de les rejoindre. Un engagement, ce n’est pas ça.
Déjà, on ne défend pas une cause en désignant avec autisme un coupable idéal, une tête de Turc qu’on ne veut pas voir en Europe, une tête de Rom qui fait des vagues ou plutôt des flots (d’ailleurs on ne l’entend pas, Duflot, au sujet de Cantat…elle apprend à se taire, à concilier ses convictions et sa position au gouvernement, elle sauve son couple juste avant de Vallser). La désignation d’un coupable n’a jamais constitué une solution ; envoyer Kerviel et Madoff sous les barreaux n’a pas permis d’enrayer la faillite mondiale du modèle capitaliste ni de sortir de la crise…
Un engagement n’est pas un acte facile, un sujet de conversation rassembleur, une simple posture, la recherche égoïste de paix intérieure. Un engagement est un acte douloureux et utile. Un acte qui bouleverse et qui irait à l’encontre des idées reçues ou de l’opinion publique, un acte qui fait bouger les lignes. Un engagement est tout sauf facile, tout sauf évident, tout sauf lazy. Ou alors, c’est une formalité.
Soutenir Cantat dans le contexte actuel est un engagement.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Ses détracteurs voudraient lui couper le sifflet. Lui interdire de regarder droit dans le soleil. Le souhaitent malade, fantasment de voir Bertrand Cantat triste chauve. N’ont certainement jamais lu Ionesco. Le veulent mort artistiquement, soufflent sur des braises, attisent le grand incendie, les oriflammes, le bûcher, dansent sur le feu Maria. Ses cendres, le vent les emportera.

Ses détracteurs ont parfaitement compris que l’homme cherche à sauver sa peau en faisant l’Artiste.
Ses détracteurs ont parfaitement compris que flinguer l’Artiste c’est tuer l’Homme.
Ses détracteurs militent sans en être conscients pour le rétablissement de la peine de mort.
Ses détracteurs condamnent la justice française et plébiscitent l’omerta, la vendetta.
Ses détracteurs oublient qu’il a deux enfants qui n’ont plus que lui.
Ses détracteurs pourraient juste le mépriser en silence.
Ses détracteurs ne sauront jamais que c’est un Artiste exceptionnel. Une voix, un poète, un son, one trip, one noise. Un écorché vif aux sévices dont on sent les vices, un héros de l’amer qui regarde droit dans le soleil et défie la couleur des dieux, retourne les scènes pour y voir du ciment sous les plaines.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Cantat a vendu son âme au diable mais se bat pour la récupérer, il supplie le diable pour qu’il veuille rendre l’âme à qui elle appartient.

Cantat moi, quand il se sera foutu en l’air, je serai animé d’une grande tristesse devant un tel gâchis mais je n’aurai pas contribué à précipiter sa chute. Je n’aurai pas confondu l’Artiste et l’homme, je n’aurai pas réduit son œuvre à la tragédie de Vilnius, même si les deux resteront gravées à jamais. Et tant pis si j’aide l’homme à se reconstruire. Ou tant mieux. Je ne sais plus.
Cantat a un champ d’expression quasi nul. Finis les engagements et les avant-gardismes, sous peine de s’exposer aux railleries. Pas de platitude possible sous peine de décevoir définitivement ses fidèles. Pas de composition instrumentale, c’est sa voix qui manque. Et pourtant, il est parvenu à créer « Droit dans le soleil » dans cet espace infime. Un texte sublime, qui ne justifie pas l’injustifiable, qui n’explique rien mais un manuel de survie pour tous ceux qui, victimes ou coupables de douleur, veulent continuer de se battre.

Il a frappé une femme, elle en est morte, personne n’oubliera jamais. Il est devenu l’ennemi public numéro 1, haï par une grande frange de la population, surprotégé par ses fidèles dont l’excès paraît déplacé, indécent, mais n’est au fond qu’une réaction de mitigation, une réaction de compensation par rapport aux critiques destructrices et acharnées qu’il essuie : Cantat, c’est Mozart qu’on assassine !