Si le hasard t'emmène jusqu'ici, ne fuis point
Surfe et erre sans fin sur le blog du baladin
Smurfe dégingande-toi au sein du bal à daims
Avec imagination, Sans invitation
Ta religion est l'insubordination ?
Alors gausse-toi ici nul n'est bouffon
ni branque ni saltimbanque honnie soit sale ta banque
Juste des pions décidés à enfin décider
dans un bal laid où déambulent des daims
Manifestant leur insoumission avec dédain
LeonnicAsurgi@yahoo.fr


La possibilité d’Un autre monde

Le cantonner à ses délires SM, c’est méconnaître son œuvre ou s’auto-satisfaire des vérités des autres car, qu’on le veuille ou non, il suffit de le lire, Houellebecq est un auteur génial de SF...hasard ou coïncidence d’ailleurs, sont-ce les deux lettres distinctives de SM et SF (renvoyant à l’identité sexuelle) qui entretiennent une réputation désastreuse de ses écrits, pornographiques pour les uns, dérangeants pour les autres, parqués dans la collection des pulsions animales, snobés quand ils ne sont pas censurés de la bande FM ? Si Houellebecq est un fervent provocateur en tous genres (Raël, luxures, salves contre l’Islam etc…), il est surtout un artiste cherchant à surprendre à chaque sortie, comme s’il se servait de ses controverses sulfureuses pour dégrafer ces étiquettes qu’on lui colle, comme s’il refusait les carcans, comme s’il exécrait la constance, comme s’il privilégiait le mouvement, la dynamique quelle qu’elle soit, comme s’il préférait le ternissement de son image à un immobilisme de qualité, comme s’il s’amusait à berner son monde, capable et coupable de positions simplistes qui tranchent avec la sagacité de ses textes, qui agacent, goguenard dans un isolement pathétique et autodestructeur, en apparence, dont il faut se méfier c’est bien connu. A la rigueur, on pourrait lui reprocher son nihilisme chronique s’il n’était pas en train de rédiger une constitution en s’identifiant à Rousseau ; Houellebecq est définitivement inclassable, ou alors, totalement mégalo.

« Les parages du vide » est un album majestueux, harmonieux. Il s’écoute d’un trait. C’est un rock littéraire gouleyant à siroter cul sec. Les textes viennent habituellement sur une musique, après la musique, mais Jean-Louis Aubert a fait l’inverse. Inspiré, il a composé sous la contrainte de textes sélectionnés, ses morceaux choisis. Les mélodies d’Aubert sont pourtant simples mais tapent dans le mille, tout s’enchaîne rapidement, comme par magie. L’album forme un tout étrange dont aucun morceau ne ressort. On en sort comme au réveil d’une soirée dont on ne se souvient de pas grand-chose, si ce n'est qu’elle était fantastique, on en sort heureux sans savoir pourquoi, impossible de fredonner un morceau, les neurones embrouillés d’endorphines, à part peut-être « l’enfant et le cerf-volant» pour son crescendo lyrique, l’ensemble étant de qualité égale et maximale, sans temps mort. Que des temps forts. Aubert est un mélodiste talentueux à qui il ne manquait que de grands textes.

Aubert et Houellebecq ou la rencontre improbable, en apparence toujours, l’un s’époumonant pour les enfoirés, l’autre gravitant autour de son nombril, sortent immensément grandis de cette association. On attend la suite. On rêvait réalité, désormais la possibilité d’une île qui serait ronde, où la lune serait blonde, prend du sens, le « sens du combat ».


Juillaid 2014 – Le Patchwork des turpitudes

Il pleut. Le soleil a été déprogrammé de son Zénith. Encore la faute des intermittents qui se seraient donné le mot (bénévolement). Autant que faire se pleut. Des cordes, des lianes entremêlées dans cette jungle peuplée d’animaux aux abois qui vivent comme des chiens leur vie de chien, qui perdent leur sommeil dans cette chienlit, sur leur lit de mort, chienne de vie où les délateurs rivalisent de bassesse avec les profiteurs, logique puisque ce sont parfois les mêmes qui endossent les deux rôles. Oui, on veut tout savoir, mais pas pour dézigner des Coupables, juste pour dézinguer un Système, qui profite aux extrêmes, comblés, c’est tout de même un comble, aménageable.

Météo oblige, il faut quitter la France en juillaid 2014 pour nager dans le bonheur, pratiquer la nage libre, écouter distraitement « nage@ » (Najat) brasser du vent chaud, papillonner, se baigner, à minuit dans l’huile ou dans son jus, pour une deuxième cuisson en friteuse-made-in-France, à point, nommé, pour avoir la frite, ne plus subir ce torrent de boue par cascades, pour permettre à notre mémoire court terme de s’effriter, pour mieux affronter l’avenir, pour mieux défronter ces incultes effrontés et implorer le soleil de se manifester, d’imposer sa superbe, sa superbe violence, l’implorer de cramer les mauvaises herbes et zigouiller les idées parasites, afin de semer à nouveau sur cette terre brûlée et assainie.

Ouf ! Déjà à mi-parcours : mi-juillaid. Les bases se titillent en balbutiant et bégayant leur Bastille. Un truc de Ouf ! Août arrive. Gare aux aoûtats !

Jeux de lumière (Participation au concours "Et le jeu commença" organisé par les éditions cherche-midi)

Plus d’autre issue possible, ça devenait irrespirable. Il sauta en élastique dans l’obscurité la plus totale. Il s’attendait à une chute vertigineuse mais se cogna rapidement, il n’était pas sous vide même si l’atmosphère semblait protectrice. Ses jambes se dérobaient sous lui mais atténuèrent le choc lors de la collision. Il zigzaguait péniblement dans la pénombre d’un mouchoir de poche, engoncé, irrémédiablement attiré par ce trou noir dont il ne voyait pas la fin du tunnel, rétracté comme sous l’effet d’une camisole. Il était à bout, de course, de souffle, de nerfs mais pas au bout de ses peines. Il n’avançait plus. Le calvaire, le cauchemar des claustrophobes, il était bloqué. S’était-il égaré dans une impasse ? Il avait besoin de repères. Aucune information temporelle, il cherchait midi à quatorze heures. L’espace d’un instant, une opportunité se présenta. Un plongeon tête en avant pour sortir de l’état de siège, il paraît que c’est mieux ainsi. Démarrage en trombe, d’Eustache – il lui semblait s’être élancé du forum des Halles même si c’était totalement irrationnel -, une impulsion puissante le propulsa, le confronta à de violentes secousses, des perturbations, des trous d’air.
Il entendit des voix, des cris plutôt. Personne. Autour de lui, des parois flasques et visqueuses, douces, étouffantes. Il eut l’impression d’arrimer dans une mare sans canard, un trou gorgé d’eau, une piscine dans laquelle il pouvait barboter, patauger, glander. Mais non, manifestement, on en avait décidé autrement. Impossible de tenir en place dans ce parc à attractions multiples : on l’incitait à évacuer le bassin sur-le-champ. Ballotté, baladé, transbahuté d’un stand à l’autre, le voici désormais en haut d’un gigantesque toboggan indoor dans lequel il s’engouffra avant d’être à nouveau coincé. Depuis l’intérieur du tunnel, il percevait plus ou moins nettement des rais, des faisceaux de lumière intense. Deux soucoupes volantes vinrent le tirer d’affaire, le pressant de chaque côté du crâne pour l’attirer vers le bas. Toujours ces cris, des hurlements insupportables témoignant d’une douleur ou d’une peur intense, ceux d’une femme à l’agonie qui ne maitrisait plus ses émotions, dépassée par les événements. Et vint la délivrance. Il atterrit sur la table de travail au moment où l’élastique céda. Il s’époumona pour évacuer son trop plein de pression. Bienvenue sur Terre, un autre terrain de jeux aux règles encore plus confuses.

Etre arrivé là pourrait être un aboutissement si l’on considère le parcours du combattant du spermato fécondé, champion d’une tripotée d’autres zigotos, miraculé à l’issue d’une sélection de célestes ions, vainqueur de ce jeu de hasard. On a tous gagné au « Loto » une fois, une fois ne suffit donc pas.
Beaucoup s’écroulent dès la naissance, sans doute usés par leurs efforts intra utérins ou in vitro mal gérés et s’embourbent vite dans la glaise terrestre, pris dans les tourbillons de la vie, sans le loisir de dompter ses règles du jeu, sans loisirs, incapables de s’extraire de ces courants trop forts qui finissent par noyer, sans forces, sans énergie, sans aptitude à saisir les deuxièmes et nièmes chances, sans disposition à nos yeux alors qu’ils ne sont qu’indisposés.
Les autres gardent en eux des ambitions de vie intactes voire exponentielles, attisées par des forces mystérieuses. Peut-on considérer qu’ils sont protégés par le sort, tels des vainqueurs du « Millionnaire » qui ne se seraient pas grillés ? Et si la Vie n’était qu’un jeu démoniaque pour ceux qui auraient le loisir d’en rire ?

Le jeu commence dès la fécondation pour continuer ad vitam sous deux formes universelles : participer ou gagner. On peut s’abriter derrière son manque d’esprit de compétition pour masquer son manque de compétitivité. On peut taire ses ambitions de peur de connaître ses propres limites. On devient ainsi presque boutiste, l’adepte de la théorie des « si », le fervent apologiste de ces faillites où on a tous failli, l’ami idéal qui bouffe à tous les râteliers de l’insuffisance. On peut en revanche vouloir sortir du lot et déserter les chemins de la compromission pour ceux de la liberté. Les champs d’expression sont cultivables à l’infini de toutes les cultures et œuvres, on peut être l’Auteur de sa vie et de celle des autres, avec ou sans droits.

L’Auteur est un joueur au profil atypique. Il joue avec sa santé en fouillant au plus profond de lui-même une substance brute qu’il finit par exhiber après l’avoir sculptée, ciselée, autocensurée pour finir recalée, en substance. Il perfore, creuse l’insondable et parfois sa tombe, pour faire son trou. Il joue avec le feu, pompier pyromane volontaire au secours de ses proches qu’il immole de silences pour mieux s’isoler dans ses écrits, le double jeu au quotidien, sans tromperie physique sinon il s’agirait de triple jeu, on ne joue pas avec ça, c’est injouable. Il joue au plus fin, s’auto-érige intello quand il ne s’autoédite pas, répond du « tac o tac », sans se gratter en surface ni tirer à boulets rouge. Il prend de la hauteur, avec ou sans H, ne saisit pas toujours les perches qui lui sont tendues, taille les mots à la hache, même ceux qui fâchent, sans relâche, il cravache. Il joue parfois des coudes lors de concours pour lesquels il joue gros, surjoue, éclabousse jusqu’à l’implosion, le tout pour le tout, à qui gagne perd, il sort le grand jeu mais finit par ne plus jouer franc.

Quand la lumière jaillit, il faut se faire mousser et rester humble. Pour plaire, il s’éloigne de lui-même, il se trompe, n’est pas apprécié à sa juste valeur, à juste titre, il est catalogué, à plus d’un titre. La lumière se retire ensuite, l’abandonnant cramé au milieu de sa terre brûlée d’où il renaitra de ses cendres, peut-être, le jeu en vaut la chandelle, peut-on jouer cavalier seul, sans faire jouer, de concert, ses relations, sa clique, d’un bête clic, et sortir de l’ombre « illiko » ?

L’Auteur joue sa vie sur les mots, à quitte ou double.