Si le hasard t'emmène jusqu'ici, ne fuis point
Surfe et erre sans fin sur le blog du baladin
Smurfe dégingande-toi au sein du bal à daims
Avec imagination, Sans invitation
Ta religion est l'insubordination ?
Alors gausse-toi ici nul n'est bouffon
ni branque ni saltimbanque honnie soit sale ta banque
Juste des pions décidés à enfin décider
dans un bal laid où déambulent des daims
Manifestant leur insoumission avec dédain
LeonnicAsurgi@yahoo.fr


Tris électifs

Tris polis aux frontières
Tripoli aux frontières
Tribulations à…
Tribord (changements de Cap trop fréquents : union nationale ou virage extrême ?)

Triangles non rectangles, sans angle (d’attaque) droit, non droits, faux
Triangulaires à venir proportionnelles, anxiogènes, contextuelles, factices
Trigonométrie insultée, diffamée, influencée par
Trinitrotoluène
Tripes en exposition
Trianon ou Bataclan martyrisé par des
Tricards
Trinômes incultes et blasphémateurs aux
Triceps obscènes portant des armes lourdes lors de missions
Tribales (trous de balle faciles à identifier)

Tricolores réflexes (Reflex Fujicolor ?)
Trilogies Kieslowskiennes
Triptyques gaulliens
Three colors (not united), True colors

Trisomie 21
21 avril
COP 21
21 Jump Street (rue qui saute)
Tripotée de VIP à Paris pour combattre la morosité du climat et pour une méga
Tree thérapie, on est tous dans le même bâteau, je suis Paris,
Trimaran sur lequel nos chefs mouillent (l’ancre)
Trifouillent
Tripatouillent
Triturent
Tricotent
Tripotent ?...
Trichent ?...

Triment ??

Triages à l’horizon, Triages à l’oraison (funèbre)
Trier, soit, mais juste le temps de la tempête, en état d'urgence provisoire et
Trimer, surtout maintenir le Cap à bâbord pour
Triompher (sans Arc)

Trivial

L'homme qui accumulait les pépins


Je la connais cette photo mais qu’ont-ils tous à me faire face dans leur uniforme ? Ils me fixent les bras croisés, comme s’ils avaient avalé un parapluie, on dirait que j’ai tué père et mère. Ce n’est pourtant pas eux que j’ai dézingués et ils le savent pertinemment, sinon ils ne m’auraient pas Interpolé, si l’on considère les moyens faramineux qu’ils ont dû employer pour me retrouver.

Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, je n’ai jamais été inquiété pour mes crimes. Je suis toujours passé à travers les mailles d’un filet trop lâche cousu sur-mesure, à l’image du Système que je servais. Tout a commencé le 21 avril 2002. Je m’en souviens comme si c’était hier. Ce jour-là, j’ai pris la démocratie en flagrant délit d’échec. Ce jour-là, nous sommes entrés en guerre idéologique, j’ai compris qu’il me faudrait faire justice moi-même, déclarer la Vendetta ; depuis ce jour-là, il m’incombe d’éliminer les sectaires, les haineux.

Je ne dissimulais pas mes empreintes et n’ai jamais été soupçonné, c’est la preuve irréfutable que le Système me protégeait et cautionnait mes actes ; au contraire, j’abandonnais ostensiblement sur les scènes de crimes un parapluie et un maximum d’empreintes digitales (dans mon métier on ne met pas de gants) étayant ma culpabilité, pour évaluer le degré de confiance qu’on m’accordait et permettre au Système de me débrayer en cas de pépin, comme des salariés pointaient ou présentaient leur badge à l’entrée de l’usine en convoitant la reconnaissance de la hiérarchie. En termes de reconnaissance, dans un milieu où elle ne peut être que silencieuse, la mienne était infinie. Nous nous couvrions l’un l’autre, le Système et moi, nous nous protégions inconditionnellement, prêts à brandir le parapluie nucléaire si l’un de nous deux était en danger. J’ai eu une carrière exceptionnelle, marquée par un soutien indéfectible, ponctuée par une douce retraite dont je jouis paisiblement. Je venais de me ranger des vélos que je ne me lassais pas d’enfourcher pour me perdre en forêt.

C’est sur les quais d’une gare, je ne sais plus laquelle, que j’ai dégainé pour la première fois. Le coup du parapluie, je crois, je ne sais plus précisément. Il faut dire qu’il y en a eu tant d’autres après. Pourtant on se souvient toujours de la première fois, m’ont dit mes collègues nettoyeurs, rencontrés lors de colloques clandestins organisés dans des hôpitaux, nouvelle preuve des largesses du Système à notre égard, puisque les caves des hôpitaux étaient vidées pour l’occasion, pour nous accueillir en leur sein, suscitant nos halètements.

Je tremble, j’ai froid. Ils me remettent une couverture, pourtant j’évoluais sans couverture. Je n’ai jamais ouvert mon parapluie. Soudain j’ai un flash: le poster du film « L.A. Confidential », rapporté d’un voyage en Californie avec mon fils, sur le mur de mon bureau ovale, là où je moulinais ma liste noire selon un modus operandi défiant les règles de la logique ; je n’avais pas d’autre choix, je devais rester imprévisible pour éviter qu’on me savonne la planche. Mes victimes n’étaient pas illustres, il s’agissait d’hommes de l’ombre, mais aussi de femmes (je ne suis pas sexiste), de maillons clé de la chaîne de la haine que j’ai liquidés pour mieux les transvaser dans les rubriques faits divers des mares aux diables des canards locaux.

Mais que cherchent-ils donc ? Ils chuchotent, évoquent mes mémoires, il semble que les rédiger représenterait un danger. Le Système craint la vérité ? La Redoute ? On cherche à me censurer. On appréhende mes révélations. Puisqu’il y a prescription, je les ai entendus prononcer ce mot, prescription, seuls mes aveux leur permettraient de m’écrouer, de ressortir les cadavres du placard, mais je ne suis pas au placard, je suis retraité !

J’étais en forêt avec mon vélo, amorphe, quand ils ont débarqué, tous en uniforme. Tous sauf lui, qui me tend cette photo, il m’observe mollement et tente de m’amadouer avec ses regards de connivence et son tee-shirt « I love L.A. ». On n’apitoie pourtant pas un tueur, ils devraient le savoir. Sur la table, un livre de George Sand, Colomba de Mérimée, le programme TV et des journaux locaux que je feuillette en boucle. Tiens, La Redoute licencie ! A la télé, il y a une rétrospective sur les élections présidentielles de 2002 ! Il y a aussi « L.A. Confidential » ! Les mêmes initiales que sur le tee-shirt du grand tout mou en face de moi ! Il est vraiment mal fagoté celui-là. Il me fixe avec son regard plaintif. Il m’horripile, le voilà qui gémit et qui pleure maintenant ! C’est obscène, finissons-en :

-   C’est fini, coffrez-moi maintenant ! dis-je à bout de forces.

-   Mais non, Papa, tu n’as rien fait de mal, nous sommes à l’Hôpital !

Et l’autre, en blouse blanche, d’abonder sur un ton professoral :

-          Vous n’êtes coupable d’aucun délit, Monsieur, rassurez-vous, ce sont les effets d’Alzheimer.

-          Mais vous êtes ignoble de lui balancer ça ! s’insurge celui qui dit être mon fils.

-          Cela fait partie de la thérapie, répond la blouse blanche, s’il s’en souvient dans dix minutes ce sera un signe intéressant.

Je ne comprends rien à leurs jacasseries mais cette photo me donne du peps. La blouse blanche me regarde alors intensément et me demande :

-          Reconnaissez-vous cette photo ?

-          C’est ton magasin, Papa, tu vendais des parapluies. C’est toi, là, assis derrière le feuillage, dis-moi que tu t’en souviens, je t’en supplie.

-          Mais comment pourrais-je m’en souvenir ? On ne voit pas mon visage sur la photo !

On se moque de moi, personne ne resterait devant son magasin après l’avoir fermé (avec la lumière allumée qui plus est !). Je n’ai pas perdu la tête tout de même !

Je la connais cette photo mais qu’ont-ils tous à me faire face dans leur uniforme ? Ils me fixent les bras croisés, comme s’ils avaient avalé un parapluie, on dirait que j’ai tué père et mère. C’est pourtant impossible puisqu’ils sont toujours vivants. Ils font d’ailleurs de grandes études, je suis si fier d’eux.