Si le hasard t'emmène jusqu'ici, ne fuis point
Surfe et erre sans fin sur le blog du baladin
Smurfe dégingande-toi au sein du bal à daims
Avec imagination, Sans invitation
Ta religion est l'insubordination ?
Alors gausse-toi ici nul n'est bouffon
ni branque ni saltimbanque honnie soit sale ta banque
Juste des pions décidés à enfin décider
dans un bal laid où déambulent des daims
Manifestant leur insoumission avec dédain
LeonnicAsurgi@yahoo.fr


Les gars de la Marine

Non, je ne le nommerai pas, ce serait cautionner cette manœuvre, contribuer à promouvoir son retour sur les devants de la scène, participer au come-back d’un phénomène de foire…ou de mode si l’on considère que ce qui n’est plus au goût du jour (si tant est qu’il l’ait été) puisse redevenir de bon goût, un jour. Certes, quand on n’a plus rien, on n’a plus rien à perdre…mais quand on en a plein le dos, est-ce vraiment le moment de s’abaisser, de s’affaisser ? (cul nu, si l’on veut resituer le contexte télévisuel des années 80, vaseux à foison, de l’Histoire ancienne…à ne pas confondre avec le vase de Soisson).

Disparaître du PAF après avoir été omniprésent est une petite mort, tout comme une retraite de sportif de haut niveau dont peu se remettent. Pourtant la ressemblance s’arrête là. Les athlètes sont suivis psychologiquement, sont préparés à ce que leur corps les lâche un jour ou l’autre, anticipent leur reconversion. Mais on ne disparaît pas du PAF pour une rupture de ligament croisé.
Les vedettes de télé se veulent éternelles, envisagent le long terme en cajolant le court terme, le visible, le sensationnel, avides de performances immédiates, guettant les résultats hebdomadaires comme on craint le couperet ; l’Audimat. Finalement, au jeu des ressemblances, disparaître du PAF s’apparente plus à une fin de mandat d’homme politique…sauf que les mandats politiques sont plus longs et donc plus ennuyeux, et puis on laisse aux politiciens le temps de nous honorer d’un irréversible et solennel « Au revoir » qui en dit long, un « Au revoir » durant lequel la bête blessée reconnaît sa défaite, admet son unique erreur, celle de ne pas avoir su nous convaincre que nous allions nous tromper en ne votant pas pour lui, un « Au revoir » gainsbourgien pendant lequel l’orateur visualise les chaumières pleurer, regrettant déjà de s’être trompées, un « Au revoir » qui signifie une retraite à jamais de la vie politique, mais comme il ne faut jamais dire jamais, une retraite pour toujours de la scène ; bref, un discours dont on attend la fin avec impatience, à l’image du mandat qui s’écoule et de cette phrase interminable sans queue ni tête. Ce n’est qu’un « Au revoir » mes frères…

C’est donc nous, simples citoyens, intermittents spectateurs, qui décidons de placardiser les célébrités ou de leur accorder un répit supplémentaire, c’est donc nous qui attisons ce sentiment de révolte, de désespoir et d’injustice quand les vedettes ne peuvent plus brasser des millions, nos millions, « qui veut les gagner ? » ; comme ça, sans préavis, en toute ingratitude.
Et c’est là que ça devient passionnant. On observe alors plusieurs comportements chez ceux qu’on souhaite oublier, ne plus voir. Ceux qui ne s’en remettent pas et qui sombrent dans les méandres de l’anonymat, je n’en parlerai plus puisqu’on ne s’en souvient pas.
Et ceux qui ne s’avouent pas battu, jamais vaincu. Ceux-là sont redoutables. De véritables guerriers. Ils connaissaient les secrets de l’audience, les recettes du succès pour l’avoir apprivoisé. Forts de leur échec, ils maîtrisent maintenant leurs limites, détiennent les clés de leur longévité qu’il faudra gérer comme on cuisine un soufflé au fromage, maniant habilement la montée en température sans risquer l’overdose, dans un équilibre aussi instable que précaire. Ceux-là savent qu’on ne regonfle jamais un soufflé au fromage. Quand c’est trop tard, il faut tout jeter et laisser le temps faire son effet, permettre aux enzymes d’agir et d’effacer les traces de l’indigestion, les empreintes de leur omniprésence passée, orgiaque. Pour préparer leur résurrection, plus tard, quand ils sortiront du bois, en temps de crise, pour réveiller des souvenirs que la mémoire, en panne de lucidité, idéalise, comme on ravive une flamme…

Non, je ne le nommerai pas. Je cherche à comprendre, c’est déjà énorme ; à lui trouver des circonstances atténuantes qui remonteraient à la petite enfance. Maltraitance ? Traumatismes ? En fouillant un peu, le terrain de son passé est en effet fertile (et glissant).
D’abord, ses initiales auraient dû le placer en haut de l’affiche (il s’y voyait déjà) dans une série texane à la renommée interplanétaire s’il n’avait affiché une divergence de vue…Alors, il a commencé sa carrière au Collaboshow (avant de rejoindre le CollardShowbiz). Il a ensuite erré de pastis en pastiches pour finir par entonner un vibrant « C’est nous les gars de la Mariiiiine » marquant à jamais son inconscient et dont je rappelle ici un extrait fort à propos :
« Dans chaque petit port,
Plus d'une fille blonde,
Nous garde ses trésors.
Nous n'avons pas de pognon,
Mais comme compensation,
A toutes nous donnons,
Un p'tit morceau d'not' pompom
C'est nous les gars de la Marine,
Quand on est dans les Cols Bleus,
On a jamais froid aux yeux »

Bref, des circonstances atténuantes, on pourrait en trouver.
Avec un peu d’imagination par exemple, on pourrait mettre son évincement du PAF sur le compte de l’hyperactivité des radios et télés qui, orphelines de Coluche, avaient fini par tarir la source d’une inspiration peu profonde.

Enfin, une dernière tentative de justification : il vit sur le lieu de passage des gars de la Marine qui…« n’ont pas de pognon,
Mais comme compensation,
organisent pour l’occasion,
Une université d’été sans Fillon ».
Après tout, il est peut-être juste sorti de chez lui faire une malheureuse balade (celle des gens heureux est en Normandie), la gueule enfarinée et l’occasion a fait le larron. Qui peut garantir qu’il serait sorti du bois si les gars de la Marine avaient organisé leur sauterie en Lorraine ? Qui peut garantir qu’on n’aurait pas vu un lorrain en reconquête, style Didier Gustin ?
C’est un homme en reconquête…prêt à sauter sur l’occasion que la phonétique de ce mot lui donne, osant par exemple qu’une reconquête est l’action d’être con à nouveau en faisant la quête, voire même un truc vasouillard autour de reconquéquette qu’il faut savoir mettre sur la table en temps de crise…

Bon allez, STOP. Finies les mièvreries. La circonstance aggravante de son passage à l’acte c’est Marseille. Marseille, capitale européenne de la culture 2013 que les faits divers et variés salissent. Comme si les violences et sectarismes se sentaient en danger, menacées par l’hégémonie culturelle de Marseille qu’il faut occulter. Comme si les violences et sectarismes ne voulaient pas de cette ouverture sur le monde, lui préférant la peur, la terreur, entraînant pour remède un protectionnisme en ligne avec les idées des gars de la Marine. Marseille, Marseille outragé, Marseille brisé, Marseille martyrisé. Antonin Artaud, Maurice Béjart, Fernandel, Edmond Rostand…excusez-les !
Les gars de la Marine ont un don qu’il faut bien reconnaître : ils savent racoler, recruter toutes les « aigritudes » en leur promettant réhabilitation (reste à savoir qui a le plus besoin de réhabilitation) : les anciens cocos qui n’y croient plus car le PC a été au pouvoir à des postes subalternes, les ex vedettes…tout ça est du business. Un business de vautours, un business de croquemorts. Avec le désespoir pour fonds de commerce. Avec l’espoir que tous les autres se plantent. Avec l’espoir de conquérir le pouvoir de cette façon. Sans idée du futur, sans vision du futur.

Impossible de finir ce post sur ça, « sans vision du futur ». Voici donc une vision du futur :
Pariscope Mai 2014. « Plonger sous Marine », au théâtre des Variétés, nouveau spectacle de JR. JR nous raconte, dans un style bien à lui, le jour où il a vu la culotte jaune de la présidente et pourquoi à la vue du yellow subMarine, il n’est plus un gars de la Marine. Un remake de l’arroseur arrosé arroseur».
Et pour une fois, je rirai peut-être, ou plutôt je ne rirai plus de lui.

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